États-Unis : les guerres rongent la société08/01/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/01/une_2945-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1264%2C1640_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : les guerres rongent la société

Lorsque le 1er janvier, à La Nouvelle-Orléans, un homme au volant d’un pick-up a foncé dans la foule, tuant 14 personnes et en blessant 35 autres, Trump n’a pas manqué de vociférer : « C’est ce qui se passe quand vous avez des frontières ouvertes… », promettant d’expulser 13 millions d’immigrants en situation irrégulière.

En réalité, l’assaillant de La Nouvelle-Orléans, tout en étant de famille saoudienne, était de nationalité américaine et né au Texas. Il avait servi comme informaticien dans l’armée américaine pendant dix ans, avant de connaître un retour difficile à la vie civile, de se radicaliser et de finir par se réclamer de l’État islamique.

Ce même 1er janvier, un véhicule de location explosait devant un hôtel Trump à Las Vegas, tuant le conducteur. Cet homme de 37 ans, sans lien avec l’islamisme ni avec le tueur de La Nouvelle- Orléans, partageait cependant avec celui-ci un passé dans l’armée. Selon ses lettres et des témoignages, il était resté traumatisé par ses années dans les forces spéciales, en Afghanistan, en Ukraine, au Tadjikistan, en Géorgie et au Congo. Il portait le deuil des « frères que j’ai perdus », écrivait-il, et voulait « se libérer du fardeau des vies que j’ai prises » en Afghanistan.

Le journal trotskyste américain The Spark du 6 janvier souligne qu’en moyenne 22 soldats et anciens combattants se suicident chaque jour aux États-Unis. Les soldats d’active meurent neuf fois plus souvent de suicide qu’au combat. Ces suicides sont souvent liés à des expériences traumatisantes dans des guerres où l’armée a bombardé des civils et commis des massacres, comme à My Lai au Vietnam en 1968 ou à Falloujah en Irak en 2004. Parmi les pilotes des drones qui tuent des gens à des milliers de kilomètres depuis la Floride, le taux de suicides est aussi élevé. C’est le cas même parmi les soldats qui ne sont pas envoyés au combat, à la suite d’entraînements particulièrement traumatisants. Et si le gouvernement des États-Unis déplore ces morts, il refuse de fournir aux anciens combattants les traitements ou les soins dont ils auraient besoin.

De nombreux anciens combattants ont été déshumanisés par leur période dans l’armée au point de diriger leur colère vers d’autres personnes, leur famille notamment. Un tiers des tueries de masse sont perpétrées par d’anciens militaires, à l’instar du tueur de La Nouvelle-Orléans, ou de celui qui, en octobre 2023, a tué 18 personnes à Lewiston, dans le Maine, avant de se suicider. Ce dernier souffrait de séquelles au cerveau après avoir été instructeur au lancer de grenades.

The Spark rappelle justement que si ces tireurs sont qualifiés de terroristes, les vrais terroristes sont au gouvernement, qui dépense toujours plus d’argent pour la première armée au monde, et ses 750 bases militaires dans 80 pays. C’est aussi grâce à eux que les investissements et les profits de sa classe capitaliste sont protégés dans le monde entier.

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