États-Unis : Le racisme au cœur de la campagne17/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2933-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Le racisme au cœur de la campagne

En 2016, Trump s’était fait élire en qualifiant les Mexicains de « violeurs » et de « trafiquants de drogue », en promettant de construire un mur à la frontière avec le Mexique et d’interdire aux musulmans d’entrer dans le pays. Cette fois-ci, il mène une campagne encore plus ouvertement raciste. Il multiplie ainsi les saillies contre les migrants, qualifiés de « racaille », de « criminels assoiffés de sang », dotés de « mauvais gènes », « non-humains », « animaux » et « ennemi de l’intérieur ». À partir d’un fait divers impliquant un Vénézuélien, il a expliqué que les migrants veulent « violer, piller, voler et tuer les gens des États-Unis ». Il promet de les expulser massivement du pays et même de les « tuer ».

L’ancien président républicain a plusieurs fois pris des villes comme exemple, à l’instar de Springfield, une ville moyenne de l’Ohio où quelques milliers d’immigrants haïtiens se sont installés ces dernières années, en disant que ceux-ci y avaient « détruit le mode de vie » local. Dans le débat avec Kamala Harris, le 10 septembre, Trump a assuré : « Ils mangent les chiens. Ils mangent les chats. Ils mangent les animaux domestiques des gens qui habitent là- bas. » Peu importe que la mairie républicaine et la police de Springfield aient expliqué que ces accusations, diffusées par des groupes locaux d’extrême droite et néo-nazis, étaient sans aucun fondement. À Springfield, les Haïtiens redoutent désormais des agressions racistes, et nombre d’entre eux ont quitté la ville.

En parlant d’Haïti comme d’un « trou à merde » (shithole), Trump cible non seulement les Haïtiens, mais également, de façon à peine voilée, les Noirs américains. En réalité, la bourgeoisie américaine, dont Trump est un loyal représentant, a besoin de l’immigration, qui est historiquement à la base de la richesse et de la construction du pays. Mais le soutien dont bénéficie la démagogie de Trump témoigne des divisions qui existent au sein de la classe ouvrière, sur lesquelles il spécule.

Même si Harris ne reprend pas le langage ordurier de son adversaire, elle défend la politique restrictive à l’égard de l’immigration menée par l’administration Biden. Harris accuse Trump de « n’avoir rien fait pour réparer notre système d’immigration défaillant » quand il était président et vante l’arrestation de sept millions de migrants à la frontière mexicaine sous l’administration actuelle. Alors que, il y a quatre ans, elle expliquait que le projet de mur à la frontière était un gaspillage d’argent public, elle se dit maintenant favorable à la reprise de sa construction, au renforcement des contrôles à la frontière, et à une restriction du droit d’asile.

De nombreux Américains voient l’immigration comme un problème. Mais la dégradation de la condition ouvrière, la pauvreté, la précarité et la délinquance ne viennent pas d’elle mais de la rapacité d’une classe capitaliste débridée dans sa course aux profits. Cibler les immigrants, voire les Noirs, est une recette classique. Dans le pays qui se veut un modèle de liberté, la démagogie raciste et la xénophobie ont une longue et sinistre histoire.

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