La politique fiscale du gouvernement : Au service des riches17/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1627.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Leur société

La politique fiscale du gouvernement : Au service des riches

Après avoir fait savoir haut et fort à la rentrée qu'il disposait d'une cagnotte due au fait que les rentrées fiscales ont été plus fortes que les prévisions ne le laissaient penser, Strauss- Kahn a annoncé une baisse des impôts... pour l'an 2000, se flattant du fait qu'il s'agirait " de la plus forte baisse d'impôts depuis dix ans ". Mais il s'est montré moins loquace sur l'attitude de son gouvernement qui n'a rien fait depuis deux ans, même pas revenir sur l'augmentation de la TVA, instaurée par Juppé, que Jospin s'était pourtant engagé à supprimer dans ses promesses électorales.

Soit ! les impôts baisseraient l'an prochain. Mais cette baisse est ciblée. Telle par exemple la baisse des frais de notaire ou celle de la TVA sur les travaux d'entretien et de rénovation des logements. Les bénéficiaires de ces allégements ne seront pas les foyers modestes dont le souci est plutôt, chaque mois, de payer leur loyer bien plus que d'engager une entreprise pour effectuer des travaux de rénovation de leur foyer. Notons d'ailleurs que cette TVA devrait baisser sur les travaux, mais pas sur l'ensemble des fournitures nécessaires à ces travaux, selon une décision des institutions européennes, ce qui atténuera considérablement les effets de cette baisse.

La TVA est injuste puisqu'elle frappe au même pourcentage aussi bien celui qui touche 5 000 F par mois que celui qui en gagne dix, vingt ou trente fois plus, mais la réduire de cette façon sélective n'introduit pas plus de justice !

Tous les gouvernements ponctionnent la population laborieuse, en particulier par l'augmentation des taxes à la consommation. A tel point qu'entre 1988 et 1998 la part des recettes fiscales due aux impôts indirects est passée de 62,7 % à 68,8 %, pendant que la part de l'impôt sur le revenu, qui, lui, est tout de même un peu plus progressif (si on ne tient pas compte du fait qu'une partie des revenus des plus riches y échappent), a décru en passant de 18, 6 % à 14, 2 %. Quant à l'ISF (l'impôt de solidarité sur la fortune), il représente, lui, moins de 1 % de ces mêmes recettes, autant dire une contribution symbolique. L'ISF est dérisoire dans la part des impôts qui rentrent dans les caisses de l'Etat, mais son montant l'est bien plus encore quand on le rapporte aux richesses des plus riches qui y sont soumis.

Mais on ne peut discuter de la politique fiscale et de son poids sur les différentes catégories sociales sans, dans le même temps, évoquer à qui les ressources de l'Etat sont redistribuées. C'est un autre volet, non moins important, de la politique fiscale. Il faut mettre en balance les abattements fiscaux, en constante augmentation en faveur des patrons, et que le gouvernement compte maintenir et développer, tandis que ces patrons continuent d'annoncer plans sociaux sur plans sociaux.

En dix ans, de 1982 à 1992, années pendant lesquelles la gauche était presque constamment au gouvernement, les taxations moyennes ont baissé de 26 % à 18 %... pour les revenus du capital ; en revanche elles ont augmenté de 38 % à 44 % pour les revenus du travail. Comparé à cela, la suppression en deux ans du droit au bail payé par chaque locataire est bien dérisoire.

Ces discours sur la baisse (toute relative d'ailleurs) des impôts ne signifient pas que l'on s'apprête à alléger la part qui pèse sur les catégories populaires. La politique fiscale n'est pas affaire de choix techniques, mais relève de choix politiques et sociaux, où se retrouvent parfois quelques préoccupations électoralistes. Et les choix du gouvernement de la gauche plurielle ne sont pas destinés à soulager l'effort de la population laborieuse. Tout au contraire.

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