En 2010, Jospin rasera gratis... s'il est encore là03/09/19991999Journal/medias/journalnumero/images/1999/09/une-1625.gif.445x577_q85_box-0%2C13%2C166%2C228_crop_detail.jpg

Editorial

En 2010, Jospin rasera gratis... s'il est encore là

Depuis plusieurs jours, c'était à qui, parmi les dirigeants du Parti Socialiste, discuterait de ce que pourrait faire le gouvernement avec des rentrées fiscales qui, paraît-il, dépassent les prévisions. Jospin a tranché, le gouvernement diminuera les impôts ! Et toute la presse a repris ce refrain, sans dénoncer la façon scandaleuse dont ce sera fait, et surtout sans dénoncer le fait que Jospin ment.

Ceux des travailleurs qui s'attendent à de bonnes surprises sur leurs feuilles d'impôts seront déçus. Ce ne sont pas leurs impôts qui seront diminués, lorsque le gouvernement diminuera les impôts sur le revenu, mais ceux des " classes moyennes ".

Il est question de diminuer la TVA, mais pas la TVA sur les produits de consommation, uniquement celle sur les travaux d'amélioration et de transformation des locaux d'habitation. Cette diminution ne concernera évidemment pas le travailleur refaisant ses papiers peints lui-même. Et combien y aura-il de travailleurs, de salariés, qui auront les moyens de transformer leur logement, s'ils en ont un, même si une TVA de 5,5 % au lieu de 20,6 % diminue la facture de l'entreprise qui ferait ces travaux ? Par contre ce sera un vrai cadeau pour les bourgeois qui moderniseront leurs appartements et leurs villas de luxe en les transformant, ce qu'ils auraient fait de toute façon.

Par ailleurs, Jospin a déclaré qu'il fallait faire de la lutte contre le chômage le grand objectif des dix ans qui viennent. C'est-à-dire que les chômeurs d'aujourd'hui devraient se consoler en songeant qu'en 2010, si Jospin tient ses promesses, le chômage aura substantiellement diminué.

Cette allusion à la première décennie du XXIe siècle n'est évidemment pas un hasard. Jospin est pratiquement assuré d'être Premier ministre jusqu'à la fin de la législature, c'est-à-dire jusqu'en 2002. Et ce qu'il vise à présent, c'est l'élection présidentielle, en 2002 aussi, en disant dès maintenant qu'on doit lui faire confiance et patienter encore jusqu'en 2010. Mais quelles raisons les travailleurs auraient-ils d'attendre, pour voir le gouvernement s'attaquer réellement au problème du chômage ?

Si le gouvernement avait voulu le faire, il l'aurait pu depuis longtemps. Ce ne sont pas les emplois utiles à créer qui manquent dans les transports en commun, dans l'enseignement, dans les hôpitaux, et plus généralement dans tous les services publics. Et le véritable scandale c'est que les rentrées fiscales supplémentaires ne vont pas servir à créer de tels emplois. Cet argent servira une fois de plus à distribuer des cadeaux aux plus riches. Et le patronat se voit offrir, en plus, des activités lucratives qui devraient relever des services publics, comme les cantines scolaires, le nettoyage des hôpitaux et des gares, ou le ramassage des ordures ménagères.

Bien évidemment, ces entreprises sont avant tout soucieuses de faire des bénéfices - on nous dit que c'est " la loi du marché " - et elles tentent de faire assurer ces tâches avec le moins de personnel et aux salaires les plus bas. La grève des éboueurs marseillais est, après beaucoup d'autres, l'un des témoignages de cette situation.

Dominique Strauss-Kahn, qui avait sans doute un peu abusé des cocktails, aurait entonné, d'après la presse, l'Internationale lors de cette " université d'été " du Parti Socialiste. Il est vrai qu'il est bien placé pour savoir, en tant que ministre de l'Économie et des Finances, que les paroles de l'Internationale, comme " l'État opprime et la loi triche ", et " l'impôt saigne le malheureux ", sont toujours justes un siècle après avoir été écrites. Mais les travailleurs n'ont vraiment rien à attendre des gens qui sont socialistes en chansons, et défenseurs des pires tares du système capitaliste dans leurs actions de tous les jours.

Ils doivent par contre tourner le dos à ceux qui leur parlent des " lois du marché ", qui ne sont que des lois artificielles faites pour qu'une minorité s'enrichisse en appauvrissant la majorité de la population.

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