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Leur société
Faillites : ce n’est pas aux travailleurs de payer
La Banque de France dénombre 64 650 faillites sur douze mois, soit un bond de 21 % en un an. Même si la majorité d’entre elles est le fait de petites entreprises, il en est également de grosses.
L’entreprise Milee, en mettant la clef sous la porte cet été, a jeté à la rue les 10 000 salariés qu’elle employait à distribuer les prospectus. Ses deux propriétaires pourront par contre continuer à rouler carrosse et porter leurs capitaux ailleurs si l’envie leur en dit. La législation des faillites a été rédigée pour le permettre.
En décembre 2023, l’enseigne de mobilier Habitat avait elle aussi été mise en faillite et ses 35 magasins fermés. Mais les faillites concernent aussi, et surtout, une myriade d’entreprises plus petites, n’employant parfois que quelques salariés. Leurs patrons invoquent des raisons qui reviennent souvent à mettre en cause la jungle capitaliste, dans laquelle les gros dévorent les plus petits. Plus des deux tiers évoquent ainsi le fait que les banques et les organismes de crédit mettent le couteau sous la gorge aux petites entreprises qui n’ont pas encore remboursé leur prêt garanti par l’État. Ils invoquent aussi la multitude des procédures intentées par l’Urssaf qui, on l’apprend à l’occasion, avait cessé entre 2020 et le premier semestre 2023 d’assigner les employeurs pour les forcer à payer leurs cotisations.
Plus largement, quand Auchan ferme un hypermarché qui était le centre d’une zone commerciale, ce sont bien souvent tous les commerçants qui doivent baisser le rideau, et les vendeurs et vendeuses prendre le chemin de France Travail. Quand un grand groupe de l’automobile ou de l’acier ferme une usine, tout un réseau de sous- traitants n’a d’autre choix que de disparaitre lui aussi. Les patrons qui ont des avoirs sont bien protégés par la loi. Mais pour les plus petits et surtout pour les travailleurs c’est la misère qui guette.
La vague de faillites qui enfle s’additionne aux licenciements opérés par les grands groupes qui ferment ici une usine, ailleurs un hypermarché, pour contribuer à la montée du chômage. « La première préoccupation des entreprises est de sécuriser le cash » affirmait le journal Les Échos mardi 12 décembre. La première préoccupation des travailleurs doit être de sécuriser leur emploi et leur salaire en imposant aux capitalistes de prendre pour cela sur leurs fortunes accumulées.