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Leur société
Fermetures d’entreprises : une guerre de classe
De la mise en liquidation de petites entreprises à la fermeture d’usines ou de magasins appartenant à des groupes richissimes, les suppressions d’emplois se multiplient, jetant des dizaines de milliers de travailleurs au chômage.
Le 15 octobre, le cabinet Altarès publiait son bilan : au troisième trimestre 2024, 13 400 entreprises ont été mises en faillite ou en redressement judiciaire, un chiffre en hausse de 20 % en un an, faisant disparaître 52 000 emplois. Sur un an, 66 000 entreprises ont mis la clé sous la porte, un record depuis quinze ans. Si beaucoup de ces entrepreneurs sont en fait des petits commerçants, des artisans ou des auto-entrepreneurs pris à la gorge, bien d’autres, et parfois les mêmes, sont des sous-traitants ou des prestataires de grands groupes richissimes qui taillent à la hache dans les emplois. Ainsi le 5 novembre, Michelin et Auchan annonçaient la fermeture de deux usines et de plusieurs magasins, rayant au moins 3 500 emplois de la carte. Dans la chimie, le bâtiment, l’aéronautique, des groupes comme Vencorex, Bouygues, Airbus ont annoncé des milliers de suppressions d’emplois avec toutes les conséquences pour les bassins économiques concernés.
À chaque fois, les patrons et les commentateurs invoquent, pour justifier la saignée, la chute des ventes, le coût de l’énergie, un changement des modes de consommation ou la concurrence. Toutes ces raisons existent car le capitalisme est une jungle où les plus gros mangent les plus petits. Dans un marché mondial saturé où les guerres rebattent les cartes entre les pays, la rivalité fait rage entre capitalistes pour conserver leurs parts de marché et accroître leurs profits. L’inflation et les salaires bloqués, qui réduisent le pouvoir d’achat des classes populaires, se répercutent sur le commerce. Mais toutes ces explications sont instrumentalisées par le grand patronat, relayé par les médias qu’il possède, pour justifier d’aggraver l’exploitation des travailleurs.
Or dans la guerre permanente entre capitalistes, il n’y a aucune raison que les travailleurs acceptent d’être sacrifiés. Ils n’ont pas à devoir travailler plus, à perdre un centime sur leur paie ou à laisser un seul d’entre eux, embauché, CDD ou intérimaire, être jeté au chômage pour permettre aux actionnaires d’accroître leurs profits. Car ceux qui sont à l’origine des suppressions d’emplois, y compris des faillites d’une myriade de petites entreprises, ce sont les grands groupes qui se disputent le marché mondial.
Et ceux-là sont pleins aux as : Michelin a fait 2 milliards d’euros de profits en 2023 ; Stellantis, qui se prépare à fermer des usines dont celle de Poissy, a accumulé 6 milliards d’euros de profits pour le seul premier semestre 2024 ; Airbus, qui veut supprimer 2500 emplois, a fait 825 millions d’euros de bénéfices en six mois. Et même quand ils annoncent des résultats en baisse, comme Casino ou Auchan, les familles propriétaires ont accumulé des fortunes au cours des décennies précédentes.
Pour ne pas être privés de leur seul moyen d’existence, les travailleurs doivent imposer la répartition du travail disponible entre tous, sans perte de salaire. Pour financer ces mesures vitales, ils doivent imposer aux grandes familles bourgeoises de rendre les milliards accumulés au cours des décennies précédentes comme résultat de l’exploitation. Pour montrer que cet argent existe, ils doivent exiger la levée du secret des affaires comme du secret bancaire.