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Gaz : au bonheur des spéculateurs
Début janvier 2025, le prix du gaz en Europe a bondi de 4 %, dépassant 50 euros par mégawattheure, après l’arrêt des livraisons russes via l’Ukraine annoncé par Zelensky.
Malgré la guerre, l’Europe n’a jamais cessé d’acheter du gaz russe. Sa part dans les importations de gaz, passée de 40 % en 2021 à moins de 15 % en 2023, est remontée à 18 % en 2024. L’arrêt du transit via l’Ukraine ne mettra d’ailleurs pas fin aux échanges : le gaz russe continue d’arriver en Europe via TurkStream, un gazoduc allant de la Russie à la Turquie, à travers la mer Noire, ainsi que sous forme de GNL, livré dans les ports européens.
Signé en 2019, l’accord de transit de gaz russe par l’Ukraine arrivait à échéance au 31 décembre 2024. La fermeture du gazoduc ukrainien n’est donc pas une surprise. Mais elle a permis aux spéculateurs de faire monter les cours du gaz sur un marché basé aux Pays-Bas qui sert de référence à toute l’Europe. Certes, on reste loin des sommets atteints en 2022 et aux 350 euros par mégawattheure, mais les prix restent globalement élevés avec des conséquences sur toute l’économie européenne. Ceux qui y gagnent aussi sont les majors des hydrocarbures, dont Shell et TotalEnergies, qui sont les premiers producteurs privés de GNL au monde. En prenant les parts de marché de Gazprom en Europe et en y maintenant des prix élevés, ils ont engrangé des profits record.
La flambée des prix ne se limite pas aux factures de gaz des particuliers : celui-ci est essentiel à la production d’engrais, à l’industrie et jusqu’aux fours de boulangerie. Sa hausse alimente l’inflation généralisée, pesant d’abord sur les travailleurs et les classes populaires.
Si les capitalistes de l’énergie et les spéculateurs ne contrôlent directement ni la guerre ni les choix des gouvernements, ils savent en revanche exploiter chaque crise pour maximiser leurs gains.