À Gaza, en Ukraine... : la domination impérialiste engendre la guerre et la barbarie21/08/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/08/une_2925-c.jpg.445x577_q85_box-3%2C0%2C1268%2C1641_crop_detail.jpg

Editorial

À Gaza, en Ukraine... : la domination impérialiste engendre la guerre et la barbarie

Alors que le bain de sang se poursuit à Gaza, les dirigeants occidentaux prétendent œuvrer pour la paix. Biden aurait même « un plan ». « Nous n’avons jamais été aussi proches d’un accord », a-t-il déclaré après la reprise, le 15 août, des négociations censées aboutir à une trêve à Gaza. Quelle monstrueuse hypocrisie !

Depuis des mois, de prétendues négociations ont lieu, mais la guerre s’est poursuivie sans répit. L’armée israélienne a continué ses bombardements, décimant des familles entières, obligeant des milliers de Palestiniens à fuir au milieu des destructions sans savoir où aller. Depuis des semaines, des écoles de l’ONU, accueillant des milliers de réfugiés, sont systématiquement prises pour cibles. La population survit, menacée par la famine, sans accès à une eau potable et sans pouvoir se soigner. Pour la première fois depuis 25 ans, la poliomyélite a fait sa réapparition. En Cisjordanie aussi, l’armée israélienne a fait des centaines de morts et protège les colons d’extrême droite qui s’attaquent aux Palestiniens pour les terroriser, les assassiner et accaparer leurs terres.

Les dirigeants des grandes puissances, à commencer par les États-Unis, savent pourtant très bien ce qu’il faudrait faire si elles voulaient mettre fin au conflit. Pour commencer, elles pourraient cesser de fournir des armes au gouvernement israélien. Au contraire, les États-Unis viennent de décider de lui en vendre pour plus de 20 milliards de dollars, lui donnant ainsi des moyens supplémentaires de massacrer des Palestiniens.

Biden n’entend pas renoncer à soutenir son allié israélien, qui est son meilleur appui militaire au Moyen-Orient. Fort de cette protection et sous la pression de son extrême droite, le Premier ministre israélien Netanyahou peut mener une guerre sans fin à Gaza et multiplier les provocations. L’assassinat du chef du Hamas et celui d’un dirigeant du Hezbollah fin juillet visaient à provoquer une réaction de l’Iran pour obliger les États-Unis à faire bloc derrière Israël. C’est ce que Biden fait, alors qu’il est évident que le régime de Téhéran ne veut pas se lancer dans une escalade militaire.

Les dirigeants américains veulent-ils vraiment imposer un accord à leur allié israélien ? On le verra dans les jours qui viennent. Un cessez-le-feu apporterait un répit aux Palestiniens de Gaza, mais certainement pas la fin de l’oppression qu’ils subissent. Les dirigeants américains, israéliens, iraniens et ceux du Hamas peuvent trouver un compromis refaisant du territoire de Gaza ce qu’il était pour ses habitants avant la guerre, c’est-à-dire une prison à ciel ouvert, où les conditions de vie seraient encore pires à cause des destructions provoquées par l’armée israélienne. Mais ce ne serait encore qu’une trêve avant d’autres affrontements.

Les États impérialistes sont bien incapables d’éteindre l’incendie qui embrase le Moyen-Orient car ce sont eux qui l’entretiennent ! Tout au long de ces dernières décennies, attirés par l’odeur du pétrole, les puissances coloniales britannique et française d’abord, les États-Unis après elles ont dressé délibérément les peuples de cette région les uns contre les autres pour mieux les dominer. Mais c’est partout dans le monde que la rivalité entre les grandes puissances pour le contrôle de marchés, de sources de matières premières et de zones d’influence oppose les peuples et provoque des guerres.

On le voit dans l’est de l’Europe, où, par Ukrainiens interposés, Biden et les dirigeants de l’OTAN mènent la guerre à Poutine, chef d’un régime dictatorial qui représente la couche privilégiée de Russie. Des peuples sont ainsi conduits à s’affronter, malgré des liens tissés au cours d’une longue histoire commune.

Ici, en France, les travailleurs et les classes populaires ne meurent pas sous les bombes, mais pour combien de temps ? Ils subissent déjà l’aggravation de la crise et de la guerre économique entre les États pour satisfaire les intérêts des classes privilégiées qui dominent la société. Et cette crise et la politique des grandes puissances peuvent conduire le monde à une guerre généralisée.

Au Moyen-Orient, dans l’est de l’Europe et ailleurs, les peuples pourraient parfaitement co- exister s’ils ne subissaient pas les politiques de division des classes dominantes. À cela il faut opposer le mot d’ordre d’unité de tous les opprimés et des travailleurs de la planète. Seule leur lutte pour renverser le système capi- taliste peut ouvrir une issue à l’humanité.

Nathalie Arthaud

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