Gima – Beauvais : on n’est plus dans Les Temps Modernes !05/06/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/06/P14-2_Gima-Beauvais_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Gima – Beauvais : on n’est plus dans Les Temps Modernes !

À Beauvais, dans l’Oise, l’équipe de week-end de Gima, une entreprise de 750 salariés, s’est mise en grève à partir du samedi 25 mai.

Illustration - on n’est plus dans <i>Les Temps Modernes</i> !

Gima est détenu à 50 % par le groupe américain Agco, dont les 1 500 salariés fabriquent, sur le même site, les tracteurs Massey-Ferguson, pour lesquels Gima fournit les transmissions. Les actionnaires d’Agco viennent d’empocher plus d’un milliard d’euros de bénéfices en 2023. Le groupe se vante d’être le plus gros employeur de Picardie, et pourtant, chez Gima, il vient de se débarrasser de 250 intérimaires !

Sous prétexte de baisse des commandes, Gima veut maintenant supprimer l’équipe du week-end ; une trentaine d’ouvriers sont concernés. Alors qu’elle a déjà, à plusieurs occasions, eu recours au chômage technique, la direction refuse cette fois-ci, car elle prétend ne pas vouloir utiliser les aides de l’État. Elle a eu moins de pudeur quand il s’était agi de se faire construire un pont enjambant son site : 13 millions d’euros sont venus des pouvoirs publics pour du béton.

La direction veut imposer aux salariés de week-end des reclassements, avec des modifications de contrat pour accepter tout poste et des horaires flexibles, à la disposition du patron. Cela se traduirait par des pertes de salaire de 400 à 500 euros. En cas de refus, ce serait le licenciement « pour motif économique dans le but de sauvegarder ses emplois » (sic). Comme dans le film Les Temps modernes de Chaplin, ces travailleurs ont le sentiment d’être considérés comme des engrenages à la merci des patrons.

Mais quelques rouages qui sautent peuvent enrayer les machines patronales. Les grévistes se sont installés devant l’usine en s’adressant par tracts aux collègues et à la population. Ils ne sont pas isolés : chaque jour d’autres travailleurs du site, qui se sentent eux aussi concernés, les rejoignent.

La direction fait pression sur les grévistes et multiplie les réunions avec les travailleurs de semaine pour qu’ils cessent de les soutenir. Elle rappelle dans ses notes aux salariés qu’elle ne discute qu’avec les dirigeants syndicaux, ses partenaires sociaux, et refuse « la contrainte et le rapport de force » des grévistes. Mais elle annonce une discussion le 12 juin.

Si elle consent à discuter de la situation de l’équipe du week-end et à répondre aux inquiétudes des travailleurs, c’est bien parce qu’il y a grève.

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