- Accueil
- Lutte ouvrière n°2956
- Grande-Bretagne : haro sur les pauvres
Dans le monde
Grande-Bretagne : haro sur les pauvres
En choisissant de réduire les allocations maladie et invalidité, au nom de la lutte contre la dette, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, confirme sa volonté de faire porter tout le poids de la crise sur la classe ouvrière.
De retour au gouvernement depuis bientôt neuf mois, le Parti travailliste mène une politique « à droite toute », bien difficile à distinguer de celle du Parti conservateur qui l’a précédé pendant quatorze ans. Pour économiser chaque année 5 milliards de livres sterling (6 milliards d’euros), la ministre du Travail et des Retraites, Liz Kendall, a annoncé mardi 18 mars des coupes claires dans les aides que reçoivent 3,7 millions de personnes handicapées ou atteintes de maladie de longue durée. Selon les réseaux associatifs, un million d’entre elles vont voir leurs allocations baisser ou disparaître.
Les justifications de la ministre ressemblent comme deux gouttes d’eau à celles des politiciens français quand ils défendent des mesures antipauvres. Selon elle, le maintien des aides en l’état entraînerait une explosion des dépenses à la longue « intenable » et mettrait le système de protection sociale tout entier en danger. La hausse de 60 % du nombre d’allocataires de la PIP, l’allocation versée aux personnes dépendantes depuis 2020, cacherait des abus et la suppression de cette aide aux moins de 22 ans serait en fait une saine incitation à faire plus d’efforts pour trouver un emploi…
Le mépris derrière ces déclarations est sans borne. Retirer un appui financier à des personnes handicapées, à des personnes souffrant de maladies physiques ou, de plus en plus, mentales, ne peut que leur rendre la vie plus difficile, surtout dans un contexte où les employeurs ne se précipitent pas pour les embaucher, et où les emplois à pourvoir sont dans l’immense majorité précaires, comme les tristement célèbres « contrats zéro heure ».
Cette attaque est tout sauf une surprise de la part d’un gouvernement qui, dès sa mise en place, a retiré à 11 millions de retraités une allocation leur permettant de couvrir une partie de leurs dépenses d’énergie. Mais elle a de quoi soulever le cœur, en particulier à un moment où Starmer est prêt à dépenser sans compter pour faire grimper le budget militaire jusqu’à l’objectif de 2,5 % du PIB visé en Europe. L’austérité ne s’applique qu’aux dépenses utiles à la population, pas aux préparatifs guerriers.