Hommage à Pétain : les défaillances de la mémoire19/11/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/11/P6-2_P%C3%A9tain_1918_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-128%2C0%2C873%2C418_crop_detail.jpg

Leur société

Hommage à Pétain : les défaillances de la mémoire

Le tribunal administratif de Nancy a finalement autorisé la messe à la mémoire de Pétain organisée dans une église de Verdun le 15 novembre alors que celle-ci avait d’abord été interdite par le maire de la ville.

Illustration - les défaillances de la mémoire

À la sortie de cette messe, qui n’avait réuni qu’une vingtaine de vieux nostalgiques du régime de Vichy, le représentant de l’ADMP, l’Association de défense de la mémoire de Pétain, a déclaré que celui- ci avait été le premier résistant, relançant ainsi la polémique. Le parquet a ouvert une enquête pour « contestation de crime contre l’humanité ».

Nombre de personnalités politiques qui se sont indignées à cette occasion ont fait preuve d’une mémoire quelque peu sélective. Il y aurait le Pétain de 14-18, le « vainqueur de Verdun », avec la peau des soldats oublie-t-on de préciser, et le Pétain de 1940 qui « a trahi la nation », comme l’a déclaré le maire de Verdun.

Or il s’agit de la même personne : un militaire réactionnaire, fidèle serviteur de la bourgeoisie, aux états de service édifiants. Durant la Première Guerre mondiale, il dirigea la répression des révoltes de soldats de 1917 puis, en 1925, celle de l’insurrection dans le Rif marocain contre le colonialisme français. Quinze ans plus tard, le 10 juillet 1940, il obtint les pleins pouvoirs d’une Chambre issue du Front populaire, et instaura alors une dictature qui arrêta et déporta les juifs, notamment en 1942 lors de la rafle du Vel’d’hiv, et organisa la traque des communistes, des socialistes et des syndicalistes. Le régime de Pétain permit ainsi à la bourgeoisie de prendre sa revanche contre la classe ouvrière après la peur suscitée par les grèves de juin 1936.

En 1945, Pétain fut condamné à mort, mais il fut aussitôt grâcié par de Gaulle. Entre 1984 et 1992, le prétendu homme de gauche Mitterrand, qui avait d’ailleurs commencé sa carrière politique comme secrétaire d’État sous Vichy, fit fleurir la tombe de Pétain presque chaque année.

Hier comme aujourd’hui, qu’ils endossent le costume arborant la croix de Lorraine chère à de Gaulle ou la francisque symbole du régime de Pétain, ces militaires, hauts fonctionnaires et politiciens qui défendent les intérêts de ce qu’ils appellent la « nation » savent qu’ils ont en commun de servir la même classe, la bourgeoisie.

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