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- Lutte ouvrière n°2942
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Iveco Bus – Annonay : les patrons font monter la tension
Iveco a enregistré des milliers de commandes de bus électriques pour des collectivités. À l’usine d’Annonay, en Ardèche, une nouvelle ligne de montage a été construite dans la précipitation pour produire jusqu’à 3 000 véhicules par an, en recourant massivement à des travailleurs en intérim.
Depuis six mois, tout se fait dans la précipitation. Pas de formation, pas de plan de montage, pas de pièces, et même pas de place de parking à l’embauche. Les salaires sont bas, autour de 1 500 euros, avec très peu d’embauches en CDI, et rien n’est prévu pour accueillir ni former correctement les nouveaux. Les heures supplémentaires obligatoires ne sont pas payées mais mises sur un compteur jusqu’en fin d’année. En cas de chômage technique dû à des manques de pièces, ces heures sont volées. Alors beaucoup d’intérimaires ne restent pas.
Le manque de préparation et la désorganisation provoquent des accidents et des tensions. À ceux qui craignent pour leur sécurité et signalent des manquements, la direction réplique par des menaces et des sanctions. Les intérimaires sont mis en fin de mission à la moindre remarque. Un ouvrier embauché a reçu plusieurs jours de mise à pied suite à une altercation avec un provocateur notoire protégé par la hiérarchie, malgré une mobilisation et le témoignage de ses collègues en sa faveur. Un autre a été injustement accusé de vol – dans une poubelle ! – et mis à pied. Cela quelques heures à peine après un coup de colère dans l’atelier pour le paiement des heures supplémentaires. L’ambiance tendue a aussi provoqué des bagarres entre ouvriers, dont une au couteau qui a beaucoup choqué. Certains n’étaient malheureusement pas surpris, dans cette ambiance, que ce type de drame finisse par se produire.
En réponse, la hiérarchie s’en prend aux intérimaires, accusés d’être responsables des tensions. Mais le seul responsable est le patron ! Et alors que les bus sortent souvent incomplets des lignes de montage, la direction impose le passage en 2x8 dès janvier pour continuer la montée en cadence. Cela ne pourra qu’aggraver encore la situation.
Un site qui tourne à plein régime et des carnets de commandes pleins… en apparence, la situation contraste avec d’autres usines automobiles. Mais l’offensive patronale y est tout aussi féroce. Quelques réactions collectives dans certains ateliers montrent cependant que les attaques et les divisions ne passent pas toujours. Cette période où le patron a besoin de main-d’œuvre peut aussi être favorable à l’organisation des travailleurs, en opposant un front uni à ses manœuvres.