Jeux Olympiques : la flamme… les idées réactionnaires15/05/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/05/P16-1_1936_le_parcours_de_la_flamme_olympique_est_invent%C3%A9_par_les_nazis_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C173%2C452%2C427_crop_detail.jpg

Leur société

Jeux Olympiques : la flamme… les idées réactionnaires

Que n’aura-t-on entendu sur la flamme olympique, partie d’Olympie en Grèce avant de voguer vers Marseille à bord du Belem ? Tout le monde est censé s’enthousiasmer.

Illustration - la flamme… les idées réactionnaires

Contrairement à ce que répètent les avocats des Jeux, l’idée de ce parcours ne date pas de la Grèce antique… mais des JO de Berlin organisés en 1936 par les nazis. Une flamme était apparue aux JO de 1928, mais le relais fut inventé par les nazis, pour qui il s’agissait de capter l’héritage de l’Antiquité, quitte à revisiter l’histoire à leur manière. Le CIO n’était pas opposé à cette propagande.

Les Jeux antiques ont été ressuscités à l’initiative du baron Pierre de Coubertin en 1896, à Athènes. Dans l’esprit de cet aristocrate réactionnaire, le sport devait aider à former les corps sains des élites. « En ciselant son corps par l’exercice, l’athlète antique honorait les dieux, expliquait-il. L’athlète moderne fait de même : il exalte sa race, sa patrie et son drapeau. » Un athlète ne pouvait participer aux JO autrement que sous l’étendard d’une nation. Les cérémonies mises en place au fil des décennies sont délibérément nationalistes, de l’ouverture des Jeux par un défilé des délégations nationales, à la remise des médailles au son des hymnes nationaux. Comme de nombreux aristocrates et bourgeois de son époque, Coubertin était raciste et antisémite, expliquant à l’époque de l’affaire Dreyfus : « La haute finance israélite a pris à Paris une influence beaucoup trop forte pour ne pas être dangereuse et elle a amené, par l’absence de scrupule qui la caractérise, un abaissement du sens moral et une diffusion de pratiques corrompues. » Le baron était également un misogyne convaincu, hostile aux « olympiades femelles, inintéressantes, inesthétiques et incorrectes ». Il n’admettait la présence féminine que pour, « comme aux anciens tournois, couronner les vainqueurs ». Et les femmes allaient rester longtemps en marge des Jeux.

Quarante ans plus tard, en 1936, même si les JO restaient contestés par les organisations ouvrières qui avaient leurs propres manifestations sportives (Olympiades ouvrières, Spartakiades), ils avaient gagné en rayonnement et en commercialisation. Les héritiers de Coubertin, l’aristocrate belge Henri de Baillet-Latour qui présidait le CIO et l’industriel Avery Brundage du comité olympique américain, étaient des anticommunistes féroces. Lorsque les nazis parvinrent au pouvoir et qu’une intense campagne eut lieu contre les Jeux de Berlin, les comités olympiques se mobilisèrent contre tout boycott. Le régime nazi put utiliser les JO comme une opération de propagande, avec les félicitations de Coubertin.

Aujourd’hui, le logo de Coca-Cola a remplacé la croix gammée. Mais le caractère réactionnaire d’une telle manifestation n’en demeure pas moins. Le parcours de la flamme olympique est peut-être ridicule, mais il participe à sa manière au décorum de l’ordre social bourgeois.

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