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- Lutte ouvrière n°2939
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Dans les entreprises
Nos lecteurs écrivent : Chantiers du Grand-Paris : prouesses techniques et sécurité de basétage
Je travaille sur le chantier du Grand Paris Express, à la Gare Villejuif-Gustave-Roussy. Si l’on en croit la com’ du Grand-Paris, installé depuis 2017, « le chantier vit au rythme des prouesses techniques ». Dans les faits, c’est moins grandiose.
On manque de matériel, et on est obligés de quémander des disques à tronçonner à d’autres entreprises ou de ramasser les colliers de serrage qui traînent par terre. La direction mégote sur tout, des consommables jusqu’à l’essuie-main. Comme sur de nombreux chantiers, on manque surtout de bras. Pendant des mois, les entreprises ont mis le minimum de gars sur le chantier, et maintenant que la livraison approche, c’est la course à l’échalote : on court dans tous les sens et on nous met la pression pour faire des heures supplémentaires et travailler le samedi. Par conséquent, c’est le bazar intégral, avec les risques d’accident que ça induit.
Pour se dédouaner, la direction a organisé une demi-journée de sécurité. Mais le lendemain, c’était le retour à l’anormal, et des règles élémentaires n’étaient pas plus respectées qu’avant. Par exemple, le chantier s’étend sur dix niveaux, mais il n’y a pas assez de monte-charge pour que tous les corps de métiers puissent déplacer leur matériel : résultat, ils sont bloqués quasiment en permanence, et c’est le dos qui prend pour charrier le matériel. L’aspirateur de la tronçonneuse à béton est endommagé, et quand on s’en sert, la moitié de la poussière finit dans l’atmosphère, déjà pas très ragoûtante. En effet, plus on descend, plus la ventilation est déficiente, à tel point qu’un collègue a déjà fait un malaise. Selon l’endroit où on se trouve, il fait très chaud ou très froid, humide partout… La recette idéale pour attraper une bonne crève ! Sans compter que la poussière de béton, qui se balade partout, peut provoquer la silicose.