Lendemains d’élections : petits arrangements entre amis24/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/07/une_2921-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C3%2C1281%2C1663_crop_detail.jpg

Leur société

Lendemains d’élections : petits arrangements entre amis

André Chassaigne, candidat malheureux du Nouveau Front populaire à la présidence de l’Assemblée nationale, a qualifié l’élection de la macroniste Yaël Braun-Pivet, le 18 juillet, de « volée par une alliance contre nature ». Il a été suivi en cela par la quasi- totalité de ses partenaires du NFP.

Il est en effet pour le moins étrange que Yaël Braun-Pivet, présidente sortante et candidate d’un parti présidentiel battu trois fois en trois scrutins successifs, retrouve son poste comme si de rien n’était. La déroute des macronistes à l’élection européenne puis aux deux tours des élections législatives, la perte d’une centaine de députés, le rejet évident que Macron et sa clique suscitent dans la population, rien n’y a fait, Macron reste chef de l’État, Attal Premier ministre avec tout son gouvernement et Braun-Pivet présidente de l’Assemblée.

Ce prétendu vol est cependant le résultat logique du front républicain mis en place au deuxième tour des élections législatives. Les candidats du NFP, y compris ceux de LFI qui s’affirment radicaux, se sont effacés devant les Borne, Darmanin, Attal, Wauquiez… assurant leur réélection. Le prétexte invoqué, ne pas faire élire un député du RN, est tristement risible lorsqu’on fait voter pour des ennemis des travailleurs aussi avérés et professionnels que des ministres sortants. Sur les 220 députés qui ont assuré la victoire de Braun-Pivet et la défaite de Chassaigne, qui n’a recueilli que 207 voix, un bon nombre n’étaient donc là que par la grâce du NFP.

Cette tambouille a eu son prolongement avec l’élection aux diverses responsabilités du bureau de l’Assemblée nationale. Cette fois-ci la gauche, et en particulier Jean-Luc Mélenchon, parle de victoire car le NFP, les macronistes et la droite se sont répartis les sièges. Ainsi, contrairement à ce qu’il s’était passé en 2022, les 143 députés RN ont été privés de hochets supplémentaires. Les « gagnants » offrent d’ailleurs ainsi une fois de plus au RN un brevet de parti en dehors des combines, brevet qui lui sera bien utile en 2027 ou avant. Ses élus avaient pourtant, comme les autres, grande envie d’obtenir des postes et le RN espérait bien passer pour ce qu’il est, un parti respectueux des usages, de l’ordre et de la hiérarchie.

Les arrangements entre députés reflètent en fin de compte leur acceptation commune de l’ordre social et leur participation consciente à la tromperie baptisée démocratie parlementaire. Ainsi, la dernière raison de tous les compromis politiques est toujours qu’il faut « gérer le pays ». Certes, mais les candidats gestionnaires ne disent jamais au profit de qui. Il est vrai que les bénéfices des entreprises du Cac 40 répondent à leur place.

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