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Leur société
Logement : un système indécent
Le 1er janvier, 800 000 logements classés G par le diagnostic de performance énergétique (DPE), ont été déclarés « indécents ». Ces passoires thermiques ne devraient plus être louées tant que le propriétaire n’aura pas effectué les travaux d’isolation.
Est-ce un soulagement pour celles et ceux qui souffrent du froid, de factures de chauffage insupportables ou des deux à la fois ? Rien n’est moins sûr. Il est vrai que, dans le projet initial, présenté en octobre 2017 par Nicolas Hulot, à l’époque ministre de l’Écologie, le DPE devait servir de base pour taxer les « mauvais bailleurs », ceux qui louaient des passoires thermiques, et mettre à leur charge une partie de la facture de chauffage de leurs locataires. Mais ces mesures ont disparu quand la loi a été adoptée deux ans plus tard, longtemps après la démission de son auteur.
Aujourd’hui, le DPE reste obligatoire, mais si le propriétaire est récalcitrant à effectuer les travaux, il n’existe quasiment pas de moyens de l’y contraindre. Pour se plaindre, il faudrait qu’un locataire saisisse un tribunal, qui pourra éventuellement lui accorder une diminution de loyer. Encore faut-il s’attendre à ce que les groupements de promoteurs et de défense de la propriété immobilière contestent la loi, comme ils l’ont fait pour empêcher une modération générale des loyers, pourtant bien modeste. Leurs intérêts ont déjà été pris en compte en juillet quand 140 000 logements de moins de 40 mètres carrés classés comme passoires thermiques sont devenus décents par un simple changement des critères !
Tant que la loi existe, certains propriétaires renonceront à mettre des logements en location, par choix ou par manque de moyens, tandis que d’autres effectueront les travaux… en répercutant les coûts dans les loyers. Au total, trouver un logement abordable dans le privé sera encore plus difficile, alors que la liste d’attente pour les HLM s’allonge elle aussi. Et les passoires thermiques subsisteront en grande partie, car celles visées par la loi ne représentent pour l’instant qu’une petite moitié des 1,3 million recensées dans le parc de logements locatifs privés. On en compte aussi 300 000 dans les HLM et même 2,6 millions occupées par leur propriétaire !
Construire des logements corrects aux loyers abordables est pourtant possible et ne pose aucune difficulté technique quand on y met les moyens nécessaires. Mais quelles que soient les époques, le capitalisme n’a jamais permis à l’ensemble des classes populaires de se loger et encore moins de disposer d’un logement décent.