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- Lutte ouvrière n°2988
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Leur société
Loyers impayés : la réalité derrière la vitrine
Les médias s’appesantissent régulièrement sur « le cauchemar » ou « le calvaire » des propriétaires loueurs de logements ayant affaire à de mauvais payeurs, voire à des squatteurs qui occupent les lieux sans payer.
C’est à qui ira interviewer des retraités ayant un faible budget qui se retrouvent bernés, alors qu’ils espéraient que la location d’un logement acheté dans ce but leur permettrait de boucler leurs fins de mois. À ceux-là s’ajoutent des squatteurs prenant plaisir à dégrader systématiquement les locaux qu’ils occupent.
Il est évident que, dans ces cas, les propriétaires subissent un préjudice. Mais de là à considérer que tous les occupants ayant des difficultés à payer sont des arnaqueurs, il faut être un journaliste à la recherche de faits croustillants – ou un ex-ministre du Logement ultra- réactionnaire nommé Kasbarian.
Les chiffres montrent une situation beaucoup moins dramatique. Même si la part des baux impayés est montée de 1 % à 3,5 % depuis cinq ans, la plupart des litiges se règlent à l’amiable, par l’étalement des versements par exemple. Seul 0,3 % résulte d’une décision de justice. Quant aux lieux occupés, certains le sont en effet par des bandes ou de petits caïds locaux. Mais beaucoup sont des logements vacants qui accueillent entre autres des sans-abri, souvent des familles entières n’ayant nulle part où aller, ou des migrants en attente de leur régularisation. En 2023, on n’a compté que 432 demandes d’intervention faites par les propriétaires.
Mais monter en épingle les situations conflictuelles ou délictueuses sert bien le gouvernement en masquant les vrais problèmes que rencontrent les 4 millions de personnes sans abri ou mal logées.