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Leur société
Macron : recherche coalition
La censure ayant été votée et Barnier ayant démissionné, Macron a gratifié les auditeurs d’un nouveau discours, jeudi 5 décembre. Il en ressortait que, à l’exemple de ce qui a été fait pour Notre-Dame ou pour les Jeux Olympiques, un « gouvernement d’intérêt général » pourrait inaugurer une politique et un espoir.
Le président a donc convié à l’Élysée les chefs des partis représentés au Parlement, sauf ceux de LFI et du RN, d’abord séparément, puis tous ensemble mardi 10 décembre. Macron vise un gouvernement dont le soutien ou du moins la promesse de non-censure irait de la gauche, PS, PCF et écologistes, à la droite LR, en passant par ses amis, de moins en moins fiables, du centre.
Un nouveau gouver- nement sortira-t-il de ces palabres ? En tout cas la politique qu’il devrait mener n’est pas vraiment en débat. Tous les partis, y compris les deux prétendus pestiférés, sont pour la continuité de l’État, la pérennité de l’exploitation et de la propriété capitaliste et, partant, pour le renforcement du budget militaire, les diverses ponctions sur la population ne serait-ce que par les vagues de licenciements, la défense des trusts nationaux dans la crise qui s’annonce, aux frais des travailleurs. La vraie question qui se pose dans « l’arc républicain », comme dit Macron, est celle du prix politique à payer pour une non-censure.
Or Macron lui-même constitue l’obstacle au recrutement d’un gouvernement. La cote des dirigeants politiques est basse, mais celle de Macron est plus basse encore. Il est directement responsable de la crise politique actuelle, même les plus respectueux des commentateurs le disent désormais. Il est aussi rendu responsable de la crise sociale et des coups qui accablent les classes populaires et jusqu’aux petits patrons, paysans et commerçants. Ce rejet profond effraie même les ministres pressentis. Chaque parti, chaque ministrable pèse donc les avantages et les inconvénients d’accepter un poste. Il gagnerait peut-être à apparaître comme un responsable prêt à faire un pas pour que le pays soit gouverné mais il perdrait aussi beaucoup en s’embarquant avec Macron et en cautionnant un président discrédité.
Macron tient par la grâce de la Constitution. Il a affirmé qu’il ne démissionnerait pas et fait ainsi ce qu’il peut pour assurer à la bourgeoisie française un minimum de stabilité politique. Les autres chefs de parti vont sans doute hésiter encore à se compromettre avec lui.
Il est vrai que tout cela n’empêche pas l’appareil d’État d’accomplir, bon an mal an, son travail au service du grand capital.