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Leur société
Marine Le Pen : dans le système jusqu’au cou
Dans le cadre du procès des assistants parlementaires européens du RN, le parquet vient de requérir contre Marine Le Pen cinq ans de prison dont trois avec sursis, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité.
Le procureur accuse Le Pen, ainsi que d’autres cadres du RN, d’avoir détourné 7 millions d’euros qui devaient servir à rémunérer des assistants parlementaires, pour financer en fait des permanents de leur propre parti. Du Qatargate, où des députés européens ont été accusés de corruption, en passant par le Modem et Bayrou accusés des mêmes faits que le RN, le fonctionnement du Parlement européen ne cesse de déboucher sur des « affaires ».
Et pour cause, les sommes manipulées par les députés élus dans cette instance, au nom de leurs frais de fonctionnement, sont une manne pour les partis politiques. Un parlementaire européen perçoit aujourd’hui une indemnité de 6 825 euros net par mois. Il bénéficie de 320 euros supplémentaires par jour de présence au Parlement, de 4 513 euros mensuels pour couvrir ses « frais généraux » en plus des voyages pris en charge, et de 24 943 euros par mois pour employer des assistants parlementaires. Juste avant les dernières élections européennes, un consortium de journalistes révélait qu’un quart des 704 députés européens avaient été impliqués dans une affaire d’infraction à la loi ou de violation d’un règlement.
Quelle que soit la façon dont ces sommes sont utilisées, la population qui pourtant finance ces élus par ses impôts, ne contrôle ni ce qu’ils ont le droit d’en faire, ni ce qu’ils en font. Ce n’est pas pour rien que la seule fois où les ouvriers ont été au pouvoir en France, lors de la Commune de Paris en 1871, ils ont imposé que les élus soient révocables à tout moment et payés au salaire d’un ouvrier. Mais les États bourgeois ont une tout autre morale !
Comme n’importe lequel des politiciens bourgeois qui ont eu des démêlés avec la justice, de Fillon à Juppé en passant par Cahuzac et jusqu’à Rachida Dati aujourd’hui, Marine Le Pen clame son innocence dans cette affaire en considérant que les lois ne sont pas faites pour elle. Maintenant qu’elle est prise la main dans le sac, elle pleure en disant que la justice est partiale et politique.
Bien sûr, ce procès peut sembler un règlement de comptes politique. Mais comment Marine Le Pen, la première à réclamer la tolérance zéro en matière de délinquance, peut-elle s’offusquer aujourd’hui à l’idée d’être jugée inéligible pendant cinq ans ?
Quelle que soit la décision finale des juges, les travailleurs n’auront ni à se réjouir, ni à crier à l’injustice. En tout cas, il n’y a pas à attendre de cette justice de classe qu’elle mette un coup d’arrêt à la progression des idées d’extrême droite. Au contraire, il est même possible qu’une condamnation de Marine Le Pen à l’inéligibilité lui donne un peu plus de crédit auprès de tous ceux qui pensent qu’elle est « anti système », alors qu’elle ne vaut pas mieux que tous les politiciens bourgeois qu’elle prétend combattre.
Le problème que pose l’existence de l’extrême droite n’est pas Le Pen, ni le fait qu’elle puisse ou non être candidate : c’est le fait que des millions de personnes, y compris parmi les travailleurs, votent pour un parti qui professe des idées racistes, antiouvrières, répandant la haine de l’étranger. C’est contre cela qu’il faut lutter, et aucun jugement d’un tribunal bourgeois ne remplacera ce combat.