Maroc : les mineurs demandent des comptes25/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2930-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Maroc : les mineurs demandent des comptes

Au sud du Maroc, depuis la mi-juillet, à la mine de Bou-Azzer, située dans la province de Ouarzazate, plusieurs centaines de mineurs luttent contre le non-paiement de leur salaire et la perte de leurs droits en matière de couverture sociale, d’allocations familiales et de retraite.

Les comptes de Top Forage, l’entreprise qui les emploie, ont été saisis par la Sécurité sociale, car elle ne versait plus de cotisations sociales depuis des années. La mine a été fermée mais les mineurs refusent de faire les frais de cette situation. Ils ont décidé de se retourner contre la Compagnie de Tifnout Tiranimine (CTT), elle- même filiale du groupe Managem, géant minier détenu par la famille royale, qui avait fait le choix de sous-traiter l’extraction minière à Top Forage.

Sans salaire, les mineurs, qui ont dû s’endetter pour survivre, craignent d’être expulsés de leur logement. Aussi, le 17 septembre, accompagnés des familles (dont 750 enfants), ils ont décidé de marcher sur 50 kilomètres pour exprimer leur colère devant le siège de la CTT.

Pendant des années, dans des conditions précaires, au mépris de leur santé et de leur sécurité, les mineurs de Top Forage ont extrait du cuivre, de l’argent, de l’or, de l’arsenic mais surtout du cobalt à l’aide d’explosifs et de marteaux-piqueurs. Toutes les mines de la région sont exploitées par des compagnies qui s’assoient sur le droit du travail. Top Forage n’a cessé de tricher sur l’ancienneté des travailleurs, pour faire l’économie des primes correspondantes. Comme l’expliquait un mineur : « Sur nos fiches de paie, la date d’entrée dans l’entreprise est changée tous les trois mois de façon à toujours indiquer deux ans d’ancienneté, même quand on travaille depuis quinze ans. » Avec la complicité des autorités, les compagnies tentent de briser les militants et les travailleurs les plus combatifs.

Alors les mineurs, qui respirent du cobalt et de l’arsenic hautement cancérigènes, ne peuvent qu’être écœurés du label « métaux responsables » attribué aux minerais extraits dans les mines de la région. Leur exploitation se fait avec la complicité de BMW et Renault, qui se fournissent en cobalt auprès de la Managem et affirment avec le cynisme le plus total qu’ils produisent dans le respect de l’environnement et des droits humains.

Partager