Martinique : une condamnation scandaleuse04/12/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/12/P6-1_Martinique-3d%C3%A9cembre_C_CO.jpg.420x236_q85_box-0%2C167%2C2362%2C1495_crop_detail.jpg

Leur société

Martinique : une condamnation scandaleuse

En entreprenant un véritable harcèlement judiciaire contre le leader du RPprac, le pouvoir attise la colère de la population mobilisée contre la cherté de la vie et les injustices.

Illustration - une condamnation scandaleuse

Le 28 novembre, le président du RPprac (Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens), Rodrigue Petitot, a été à nouveau interpellé par la police dans le quartier des Terres-Sainville à Fort-de-France, placé en garde à vue et jugé en comparution immédiate.

À la tête de la contestation contre la vie chère, Petitot a été entendu sur des faits de menaces sur « personnes investies d’un mandat électif » après avoir interpellé les maires de Martinique. En le condamnant à une peine de dix mois de prison « aménageable » sous surveillance électronique, les juges ont fait de Petitot un prisonnier politique ! Le harcèlement judiciaire ne s’arrête pas là puisqu’il devrait retourner au tribunal le 5 décembre pour les suites de l’affaire dite de l’« intrusion au domicile du préfet » lors de la visite du ministre des Outremers à la mi-novembre.

En harcelant ainsi le leader du RPprac, la justice coloniale suit les ordres de l’État visant à faire taire Petitot. Depuis plusieurs mois, ce dernier dénonce sans fard les profits et le pouvoir des gros possédants de la grande distribution, groupes appartenant en majorité à des Békés. Il n’en faut pas plus pour qu’il soit aujourd’hui entendu pour « provocation à la haine raciale ». La réalité, aussi bien en Martinique qu’en Guadeloupe, est que l’État français a mis en place et entretenu une forme de racisme officiel sur lequel s’appuient les gros possédants !

De leur côté, les élus de l’Assemblée de Martinique pleurnichent, mais n’ont jamais rien fait de valable contre la vie chère. Au contraire, en signant le fameux « protocole d’objectifs et de moyens » du 16 octobre 2024, ils ont montré leur complicité avec l’État en se courbant devant les représentants de la grande distribution.

Le harcèlement répété de l’administration coloniale a été dénoncé dans de nombreux milieux qui soutiennent la lutte contre la vie chère. Lors de sa garde à vue, plusieurs dizaines de personnes sont restées mobilisées tard dans la nuit devant le palais de justice de Fort-de-France, alternant chants et slogans comme « libérez le R. À bas la justice coloniale ». De nombreuses personnes sur place n’ont pas hésité à dire : « Mwen tou, mwen dakô épi le R ki ka di fôk préfé pati. E ke sé mê-a sé dé bann kapon. Alôs, fôk mété nou tou an gade a vu, min pêkê ni assé plass adan sé comisaria-a. » (« Moi aussi, je suis d’accord avec le R qui a dit qu’il faut que le préfet s’en aille. Quant aux maires, ce sont des poltrons. Dans ce cas, il faut nous mettre aussi en garde à vue. Mais les commissariats seront trop petits pour nous recevoir »). Autrement dit, Petitot ne fait qu’exprimer sur les réseaux sociaux ce que celles et ceux qui le soutiennent pensent.

Les manœuvres répressives du pouvoir colonial, dirigées contre le leader du RPprac sont aussi des manœuvres d’intimidation contre la population pauvre, pour tenter de la détourner de la lutte contre la vie chère et pour sa dignité. Comme l’ont exprimé les centaines de personnes massées devant le tribunal le 2 décembre lors du verdict, la condamnation inique de Petitot n’empêchera pas le mouvement de continuer, voire de s’amplifier.

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