Matignon : Macron manœuvre, le NFP pleure, le patronat décide28/08/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/08/Avenir_pas_a_Matignon_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C1199%2C675_crop_detail.jpg

Leur société

Matignon : Macron manœuvre, le NFP pleure, le patronat décide

Macron a donc claqué la porte sur les doigts de Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire (NFP) au poste de Première ministre. Il rejette tout gouvernement appuyé par les partis de gauche, dont l’union, sans majorité, dispose du plus grand nombre de députés.

Illustration - Macron manœuvre, le NFP pleure, le patronat décide

Les dirigeants de la gauche dénoncent « un coup de force » de Macron. Après avoir sauvé des dizaines de députés macronistes et LR, dont Borne et Darmanin, en se désistant sous prétexte de faire un front républicain contre le RN, ils jouent maintenant les outragés. En criant au « déni de démocratie », ils apportent leur caution à toute la comédie des discussions autour des règles démocratiques.

De son côté, pour masquer que sa décision est le fait du prince, Macron utilise les ressorts d’une Constitution conçue pour atténuer les conséquences des choix des électeurs. Pour justifier son choix, il a pu compter sur tous les autres partis, y compris le RN ostracisé lors des dernières élections, qui ont juré qu’ils feraient tomber immédiatement un gouvernement du NFP. Sur le fond, Macron, qui gouverne depuis sept ans pour le plus grand bonheur de la bourgeoisie, n’a aucune raison de donner les clés du gouvernement aux partis de gauche sans y être contraint. Il peut d’autant plus s’en dispenser qu’un gouvernement NFP sans majorité ne supprimerait pas l’instabilité politique actuelle, qui engendre de nombreux inconvénients pour la marche des affaires de la bourgeoisie.

Bien sûr, les partis de gauche ont moult fois démontré, encore récemment sous Hollande, qu’ils étaient des gestionnaires loyaux et responsables des intérêts patronaux. Le NFP a d’ailleurs choisi Lucie Castets, une haute fonctionnaire bien éloignée des classes populaires, comme candidate à Matignon. Celle-ci a déclaré qu’elle était prête à trouver des alliés « texte par texte », c’est-à-dire à s’asseoir sur le programme du NFP. Pour lever un obstacle, Mélenchon a même proposé que LFI, qui cristallise la haine contre la gauche, soutienne le gouvernement sans y avoir de ministre. C’est la tactique que le PCF avait choisie, en 1936, vis-à-vis du gouvernement du Front populaire, pour rassurer la bourgeoisie.

Mais rien n’y a fait. Macron et ses donneurs d’ordres ne veulent pas encourager le moindre espoir chez les travailleurs. Le simple fait de brandir quelques mesures, bien modestes, comme l’abrogation de la retraite à 64 ans ou le smic à 1 600 euros, a provoqué l’hystérie des porte-parole du patronat. Celui-ci est pleinement satisfait de la politique antiouvrière et des réformes conduites par Macron. Il attend que le prochain gouvernement les poursuive. « Le programme du NFP est dangereux pour la France » : c’est aussi le discours des députés macronistes, LR ou du RN pour justifier la censure d’un éventuel gouvernement NFP. Au passage, le RN montre à ceux qui en doutaient qu’il est, comme les autres, un parti propatronal, rompu aux manœuvres politiciennes.

Le rejet d’un gouvernement NFP ne résout pas la crise politique. Macron manœuvre pour détacher des députés socialistes, ou d’autres, prêts à s’associer avec les macronistes et la droite. À cette heure, les dirigeants de gauche réaffirment leur unité et en appellent à « une mobilisation populaire », y compris dans la rue. Mais quand les travailleurs trouveront le courage de se mobiliser, c’est contre le patronat et pour imposer leurs propres exigences vitales qu’ils devront se battre. Se mobiliser seulement pour porter au pouvoir des politiciens qui les ont systématiquement trahis par le passé serait une voie sans issue.

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