Mayotte : les politiciens promettent, les travailleurs s’organisent10/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/07/une_2919-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Mayotte : les politiciens promettent, les travailleurs s’organisent

La campagne pour les élections législatives a été marquée par un défilé de politiciens qui promettaient, une fois élus, de régler tous les problèmes.

Mais les travailleurs ne les ont pas attendus pour se faire entendre. Ces dernières semaines, dans différents services publics de Mayotte, ils ont fait grève, débrayé ou exercé leur droit de retrait.

À France Travail, le 18 juin, les salariés arrêtaient le travail pour dénoncer le sous-effectif et demander que leurs collègues en CDD, qui représentent plus de la moitié de l’équipe, ne soient pas mis à la porte au bout de leur contrat. Après une semaine de débrayages, ils ont obtenu l’embauche de deux agents supplémentaires en CDI. C’est le minimum dans ce département où, selon les chiffres officiels, plus de 30 % de la population est au chômage.

Les agents de la STM, qui transportent des milliers de passagers sur les barges entre Petite-Terre et Grande-Terre, se sont mis en droit de retrait le 2 juillet dernier. Ils dénonçaient les mauvaises conditions de travail, notamment l’insalubrité des locaux où ils passent leurs astreintes et le non-paiement d’heures supplémentaires. Ils mettaient aussi en avant le danger pour les passagers, car les barges sont dans un tel état qu’elles n’ont pas obtenu de permis de naviguer depuis plusieurs années, ce que la direction reconnaît. Le travail a repris après l’annonce de négociations, mais les travailleurs restent vigilants.

À La Poste, les agents se sont mis en grève à partir du 26 juin. Ils dénoncent la situation catastrophique de sept postiers partis en retraite il y a près de deux ans, qui ne touchent aucune pension, à cause de problèmes administratifs. Vu le coût de la vie, l’alimentation étant 30 % plus chère qu’en France, les travailleurs demandent aussi une prime de vie chère de 150 euros par mois, qui existe déjà dans les autres territoires d’Outre-mer. La direction veut repousser la discussion au mois d’octobre, mais comme le disait un des grévistes sur le piquet à Kaweni : « Non, nous on a faim maintenant » ! Alors ils tiennent bon et la grève a continué.

Pour les embauches, pour les salaires et les conditions de travail, il faudra imposer que l’État mette les moyens, quitte à prendre l’argent là où il s’entasse : dans les coffres-forts de la grande bourgeoisie. Il est sûr que pour cela, les travailleurs ne pourront compter ni sur Estelle Youssouffa ni sur Anchya Bamana, tout juste élues députées de l’île, des politiciennes qui préfèrent faire des immigrés les boucs émissaires en dédouanant les capitalistes français.

Les travailleurs ne pourront compter que sur eux- mêmes, et ont même commencé à le faire. Et ils seront d’autant plus forts avec la conscience d’appartenir tous à une seule et même classe, Français comme immigrés.

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