Mayotte : la reconstruction au point mort17/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2994-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Mayotte : la reconstruction au point mort

Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido dévastait l’île de Mayotte, département le plus pauvre de France. Un an après, la reconstruction n’est qu’une promesse à laquelle les habitants ne croient plus.

Dans les écoles les travaux n’avancent pas. Les trois quarts fonctionnent encore avec des rotations pour tenter d’offrir quelques heures par jour d’enseignement aux enfants, et 9 000 d’entre eux ne sont pas du tout scolarisés. L’eau courante y est coupée un jour sur deux, et impropre à la consommation le reste du temps. Les enseignants d’un collège et leurs 1 900 élèves peuvent ainsi passer huit heures sans accès à des sanitaires.

Sans incinérateur ni filière de recyclage, les 10 000 tonnes de déchets générés par le cyclone, chargés de métaux lourds et autres polluants, ont infiltré les sols et les nappes phréatiques, mettant en danger la santé des habitants pour les décennies à venir. À l’hôpital, le service de gestion du matériel n’est toujours pas opérationnel. En conséquence, des fournitures aussi indispensables que des alèses jetables ou des seringues intraveineuses sont régulièrement en rupture de stock. Enfin, faute de matériaux de construction, dont les prix flambent, et en raison des problèmes d’assurance, bien des maisons ont encore de simples bâches en guise de toit.

La ministre des Outre-Mer, Naïma Moutchou, en visite sur l’île, s’est contentée de lancer un « comité de suivi » pour surveiller l’avancée de tous ces chantiers urgents. Mais le budget nécessaire, lui, se fait toujours attendre. Sur les 100 millions d’euros votés au mois de mars, à peine 30 ont été débloqués. Car, affirme la ministre : « on ne peut pas faire n’importe quoi dans l’utilisation de l’argent public ».

Si pour les chantiers utiles à la population tout est très lent et compliqué, les patrons de l’île se voient accorder une exonération de cotisations avec six mois d’avance sur la date initialement prévue. En bon serviteur des capitalistes, l’État a le sens des priorités.

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