Metex – Amiens : reprise lucrative pour le groupe Avril24/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/07/une_2921-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C3%2C1281%2C1663_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Metex – Amiens : reprise lucrative pour le groupe Avril

L’usine Metex d’Amiens produit, par fermentation, en ajoutant sucre et bactéries dans des cuves, des protéines (lysine) qui sont ajoutées à des végétaux pour nourrir les animaux d’élevage. Les actionnaires ont déclaré que l’entreprise n’était pas assez rentable et accusé la concurrence de la lysine chinoise qui profiterait du soutien « déloyal » de son gouvernement.

L’usine d’Amiens, qui compte 275 salariés, ainsi que deux autres sites de l’entreprise Metex, ont été mis en redressement judiciaire, puis repris le 12 juillet de façon très profitable par le groupe Avril, leader industriel français des huiles (Lesieur, Puget, mais aussi œufs Matine, etc.), une multinationale présente dans 19 pays et qui compte 7 500 salariés.

Dans cette opération, Avril reçoit des dizaines de millions d’euros d’aides publiques. Il avait en effet mis plusieurs conditions à la reprise, et notamment la participation financière de la BPI, la banque publique d’investissement, qui avait auparavant déjà versé des fonds pour le développement des installations de Metex, et qui remet donc la main à la poche (en fait dans l’argent public), pour aider le géant de l’agro-industrie. Avril demandait aussi la participation financière de l’État pour la prise en charge d’une partie du coût du sucre, ingrédient principal de la fabrication, et le rachat du site par Amiens-Métropole s’il ne s’avère pas assez rentable, charge aux contribuables locaux de payer la réhabilitation et la dépollution du site.

Commentant la reprise de l’usine, le ministre délégué à l’Industrie, Roland Lescure, s’est félicité : « C’est l’équipe de France de l’industrie qui gagne. » Cette « équipe de France », qui affiche plusieurs centaines de millions d’euros de profits chaque année, c’est en l’occurrence l’équipe des actionnaires du groupe Avril. Elle rémunère son dirigeant Arnaud Rousseau, par ailleurs secrétaire du syndicat paysan FNSEA, à hauteur de 187 000 euros par an (chiffre de l’année 2022). Celui-ci, également propriétaire de 700 hectares de culture de colza, est doublement gagnant : l’incorporation de lysine dans l’alimentation du bétail, permet de réduire le recours au soja importé du Brésil au profit de protéines végétales locales... comme le colza ! Bel exemple de patriotisme de requins bien français.

L’équipe des travailleurs, de son côté, voit 80 d’entre eux perdre leur emploi. Ceux qui paient des impôts sont mis à contribution pour faire un beau cadeau aux millionnaires. Le tribunal administratif et le gouvernement n’auraient évidemment jamais envisagé de prendre sur les bénéfices présents et passés des actionnaires de l’ancienne entreprise Metex pour maintenir l’usine et les emplois.

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