- Accueil
- Lutte ouvrière n°2939
- Michelin – Cholet : fiers de relever la tête !
Dans les entreprises
Michelin – Cholet : fiers de relever la tête !
Mercredi 20 novembre, sept travailleurs de l’usine Michelin de Cholet, dans le Maine-et-Loire, en lutte contre le plan de licenciements, apprenaient par un huissier leur convocation au tribunal d’Angers pour le surlendemain.
Mais ces tentatives d’intimidation n’empêchent pas le combat contre les licenciements de se poursuivre.
Pour un groupe aussi puissant que Michelin, l’opposition qui se manifeste depuis plus de trois semaines aux portes de l’usine de Cholet pose problème. La semaine du 18 novembre, plus d’une centaine de travailleurs se sont retrouvés en assemblée générale tous les midis, afin de discuter ensemble des moyens d’arracher à Michelin plus que les miettes qu’il propose. Et tous les jours, ces assemblées ont réélu un comité de lutte d’une douzaine de travailleurs, en charge de coordonner le combat. Au piquet, qu’il pleuve ou qu’il vente, les ouvriers, en grève ou pas, se relayent 24 heures sur 24, et pas un camion n’est entré ou sorti de l’usine depuis l’annonce de la fermeture.
Si la mobilisation persiste, c’est que la révolte est grande face au cynisme du groupe Michelin, qui s’apprête à jeter des centaines de salariés à la porte alors même que ses actionnaires se gavent de profits. L’existence d’un piquet fourni, sorte de quartier général de la lutte, dérange la direction, qui n’a eu de cesse de faire pression pour la levée du blocage, en vain pour l’instant. Vendredi 22, pour soutenir leurs camarades convoqués au tribunal d’Angers, des dizaines de travailleurs de l’usine ont fait le déplacement. Ce rassemblement, où étaient aussi présents des militants ouvriers angevins, a été une nouvelle occasion pour tous de crier ce qu’ils avaient sur le cœur, et d’affirmer leur fierté d’avoir engagé le combat pour sauver leur peau. En fin d’après-midi, la nouvelle que le juge avait refusé de suivre les arguments du patron et demandait une médiation a été bien accueillie, écartant le scénario d’un dégagement immédiat du piquet par la police.
Depuis, la direction a continué à déplorer la paralysie de la production, ce qui ne manque pas de sel alors qu’elle a programmé la fin de toute activité sur le site dans un an, et pour l’essentiel dans cinq mois. Face à ces pressions, le comité de lutte relaye les exigences de l’assemblée générale : abandon de toute poursuite judiciaire contre « les sept » et engagement écrit à ce qu’ils ne soient pas sanctionnés ; maintien des barnums à l’entrée ; paiement des heures de grève ; retransmission en direct des négociations à venir entre représentants de Michelin et syndicats ; transfert des négociations de Clermont-Ferrand à Nantes, à mi-chemin de Cholet et de Vannes.
Sur quels points la direction cèdera- t-elle ? Tous comprennent que c’est une question de rapport de force. Dans ce bras de fer, les travailleurs de Michelin Cholet savent en tout cas pouvoir compter sur l’appui moral de l’opinion ouvrière, choquée par les annonces de fermetures en rafale.