Mort de Le Pen : le poison demeure15/01/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/01/P4-1_FN_OK_Lupo_gBe0UDC.png.420x236_q85_box-0%2C0%2C1045%2C588_crop_detail.png

Leur société

Mort de Le Pen : le poison demeure

Depuis la mort du vieux dirigeant du FN, les médias ont principalement évoqué ce qu’ils présentent comme les « dérapages » et les « provocations » de Jean-Marie le Pen, comme si c’était le fond du problème. Car, si le RN ne tient plus un discours aussi provocateur, son idéologie reste un poison pour la classe ouvrière, avec ses préjugés antipauvres, anti-immigrés, racistes et nationalistes.

Illustration - le poison demeure

Le Pen a commencé sa carrière politique dans les années cinquante à l’extrême droite de Pierre Poujade, qui voulait combattre les ouvriers et les communistes au nom des intérêts des petits patrons. Tout naturellement il est devenu tortionnaire quand il a servi en Algérie. La défense de la patrie pour des individus comme lui, c’est la défense de la colonisation et la violence contre les pauvres qui se révoltent.

Le Pen a fait partie en 1973 des fondateurs du FN, vitrine électorale de divers mouvements fascisants. C’est au début des années 1980 que celui-ci a pu percer électoralement, profitant d’une situation dont la gauche au gouvernement était largement responsable. Non seulement le gouvernement de Mitterrand, avec des ministres communistes, soutenait et justifiait les dizaines de plans de suppression d’emplois dans la sidérurgie, l’automobile, l’électroménager, mais il avait imposé aussi le blocage des salaires et l’austérité. La gauche n’était au pouvoir que pour servir la soupe au patronat.

De plus, depuis des années, le Parti communiste, qui avait une influence importante dans la classe ouvrière, défendait des idées nationalistes en guise de réponse à la crise économique et aux attaques patronales. « Produisons français ! », proclamait- il sur ses affiches. Alors, le FN a eu beau jeu de se contenter d’ajouter… « avec des travailleurs français ». Le poison pouvait pénétrer d’autant mieux que le terrain avait été préparé par ceux qui étaient censés défendre les intérêts des travailleurs. Voilà par quel « miracle » l’idéologie réactionnaire et profondément antiouvrière véhiculée par un Le Pen a pu trouver plus tard un écho parmi des travailleurs désemparés.

Des années 1980 aux années 2010, le FN est resté un courant ostracisé par la caste politique française. C’est avec la fille Le Pen qu’un virage fut pris. En 2018, elle choisit de changer le nom de son parti et le masque sous lequel elle voulait apparaître. La mue du FN en RN a mis en avant une nouvelle génération, avec Bardella en tête, pour faire un peu plus oublier ce passé.

Les discours anti-immigrés et antimusulmans, ou contre l’Europe, ont vocation à faire oublier aux travailleurs que leur véritable ennemi est le patronat « bien français ». Au cours de sa carrière Le Pen père s’est toujours employé à répandre ce poison, qu’il demeure nécessaire de combattre.

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