- Accueil
- Lutte ouvrière n°2941
- Niger : le pillage d’Orano
Dans le monde
Niger : le pillage d’Orano
Orano (ex-Areva) proteste contre la « perte de contrôle opérationnel » de sa dernière mine d’uranium au Niger, située à Arlit, et dénonce « l’ingérence » du gouvernement du pays dans ses affaires. Un comble pour une entreprise qui, appuyée sur l’État français, ancienne puissance coloniale, pille les richesses nigériennes depuis cinquante ans.
Le gouvernement du Niger entraverait la mise en œuvre des décisions du conseil d’administration de la Somaïr, détenue à 63 % par Orano et à 37 % par l’État nigérien, et depuis la fermeture de la frontière avec le Bénin, celui-ci refuse de laisser la Somaïr exporter les stocks de minerai.
Cette décision s’inscrit dans un bras de fer engagé dans la foulée du coup d’État de l’été 2023 et du départ des soldats français présents au Niger depuis l’indépendance. Mais ce qu’Orano, comme la plupart des commentateurs, se garde bien de rappeler, c’est que l’entreprise semble avoir amorcé son désengagement du Niger bien avant le changement de régime. Si Arlit reste la seule mine exploitée par Orano au Niger, c’est parce que celle d’Akouta a été abandonnée en 2021, et que l’exploitation du gisement d’Imouraren – un des plus importants au monde – n’a jamais été lancée par Orano, qui jugeait sa rentabilité insuffisante… jusqu’à ce que le permis d’exploitation dont elle refusait de se servir lui soit retiré par la junte en juin 2024.
À Arlit, la fin de l’exploitation était également annoncée, Orano ayant fait savoir en juillet qu’elle payait les salaires et l’entretien des installations en puisant dans les stocks prévus pour financer le réaménagement du site après sa fermeture.
Face à cette situation, le gouvernement nigérien est intervenu à plusieurs reprises pour maintenir la production, y compris en cherchant à nouer des partenariats avec d’autres pays que l’ancienne puissance coloniale (Russie, Chine, Turquie…) et en utilisant les moyens de pression dont il dispose sur Orano grâce au contrôle des voies d’exportation.
Orano avait tellement prévu d’abandonner le terrain que le cabinet Standard & Poors a fait passer, il y a quelques jours, son appréciation de l’avenir de l’entreprise de « stable » à « positif ». La population du Niger, dont 85 % n’a pas accès à l’électricité, n’a jamais bénéficié de quelconques retombées de cette exploitation. Au contraire, Orano se retire du Niger après l’avoir pillé, en laissant des terrains contaminés par la radioactivité, qui met la santé de la population en danger.