Nouvelle-Calédonie : haro sur les retraités13/08/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/08/une_2924-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Nouvelle-Calédonie : haro sur les retraités

Pour, dit-il, être en mesure de payer les retraites en septembre, le Congrès calédonien a décidé à la quasi-unanimité d’augmenter les cotisations salariales des fonctionnaires territoriaux et communaux de l’archipel et de baisser de 3 % leurs pensions gérées par la Caisse locale de retraite calédonienne, la CLR.

Si ce régime local de retraites a été créé par l’État dès 1954, il restait jusque dans les années 1990 dépendant des institutions métropolitaines. Après la révolte des Kanaks entre 1984 et 1988, l’État français a laissé aux institutions calédoniennes une autonomie de plus en plus grande, tout en conservant ses prérogatives dites « régaliennes ». Police, armée, justice lui permettaient de toujours utiliser la Nouvelle-Calédonie comme base avancée dans le Pacifique et d’y défendre ses intérêts impérialistes.

En ce qui concerne la CLR, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie en assure seul la gouvernance et la gestion depuis 2004. À ce jour, 6 000 pensionnés et ayants-droit en dépendent, plus de 10 000 y cotisent. Le gouvernement et le Congrès calédonien justifient les mesures décidées en prétendant que le régime serait en déficit structurel, n’encaissant pas assez de cotisations pour couvrir les pensions. Il serait trop « généreux », calqué sur le régime des expatriés qui pouvaient partir à taux plein avec 30 ans de cotisations. Les indépendantistes, qui sont majoritaires au Congrès et au gouvernement local, et les anti- indépendantistes ont approuvé cette régression sociale car ils gèrent ensemble un système où le plus simple est de faire payer les travailleurs et les retraités.

En réalité, la Caisse est en déficit parce que les employeurs, les hôpitaux, les provinces, les communes, faute de ressources, ne payent pas leurs cotisations. Au 30 juin 2024, ces impayés s’élevaient à 6,1 millions d’euros. Aussi quand les élus disent la main sur le cœur qu’ils ont été contraints de prendre ces mesures qu’ils reconnaissent injustes, ils se moquent du monde.

Pour refuser d’augmenter les cotisations patronales, certains élus mettent en avant la situation économique catastrophique après les émeutes. Mais cela fait une dizaine d’années qu’ils prennent des mesures restrictives contre les retraites. Ainsi, le syndicat des retraités a calculé qu’entre l’inflation et le blocage des pensions, les retraités ont perdu depuis 2017 20 % de pouvoir d’achat.

L’État français et les autorités des provinces savent trouver de l’argent quand il s’agit de soutenir la filière nickel ou de financer les bases militaires françaises dans le Pacifique. Si les caisses des hôpitaux et des communes sont vides, c’est en réalité le résultat de choix qui sacrifient systématiquement les intérêts de la population.

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