Nouvelle-Calédonie : parlottes sur fond d’offensive antiouvrière02/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2957-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Nouvelle-Calédonie : parlottes sur fond d’offensive antiouvrière

Manuel Valls, ministre des Outre-mer, s’est de nouveau rendu en Nouvelle-Calédonie entre le 29 mars et le 1er avril pour négocier, avec les notables anti-indépendantistes et indépendantistes, un accord qu’il présente comme « global ».

Valls dit s’inspirer dans son entreprise des accords de Matignon et de Nouméa. En 1988 et en 1998, après des dizaines de morts kanaks, ils avaient fait une place aux partis nationalistes kanaks dans les institutions et dans l’économie tout en assurant à la bourgeoisie française et caldoche l’essentiel de ses positions. Valls profite aujourd’hui du fait que les finances locales sont au bord du gouffre pour imposer aux notables locaux les conditions de l’État français. Mais pendant que tout ce petit monde discute entre soi d’un nouveau partage du pouvoir, les coups contre les travailleurs sont multipliés.

Alors que le gouvernement local veut rendre le territoire « attractif » en baissant les impôts des entreprises, le budget de Nouvelle-Calédonie, adopté vendredi 28 mars à une voix de majorité par les élus de droite et par le parti océanien, est un budget d’austérité. Il prévoit notamment la suppression de dizaines d’emplois et la diminution des budgets alloués aux communes et à la formation. La province Sud dirigée par la droite loyaliste avait montré la voie en prévoyant sur son budget une économie de plusieurs millions d’euros sur la « masse salariale ». Elle supprime des postes à tour de bras, mais maintient le niveau de ses commandes publiques, en grande partie au bénéfice du patronat local… La province Nord et celle des Îles Loyauté, dirigées par les partis nationalistes kanaks, viennent de voter elles aussi ce type de budget d’austérité.

Au niveau de l’archipel, à la fin de l’année 2024, l’État français avait déjà imposé la remise en cause des retraites et des jours de carence des fonctionnaires, en conditionnant l’obtention de crédits au vote de ces mesures. Valls a renouvelé ce chantage en conditionnant l’obtention d’un nouveau prêt d’un milliard d’euros, destiné en bonne partie à soutenir le patronat local, celui du nickel en particulier, au vote de l’austérité.

Pendant que l’État français et les élus locaux soutiennent le patronat, le chômage frappe les travailleurs de l’archipel. Si 1 600 personnes sont toujours au chômage partiel « émeutes », suite aux événements de l’année dernière, 6 000 sont au chômage tout court, résultat pour une bonne partie des fermetures de sites décidées par les trusts internationaux du nickel. Ainsi l’usine Koniambo Nickel (KNS) appartenant à la province Nord et au trust suisse Glencore, a fermé fin août, détruisant 3 000 emplois directs et indirects, parce que ce trust ne la trouvait pas assez rentable. À Thio, dans l’est, berceau de l’industrie du nickel, la SLN, filiale du trust français Eramet a fermé sa mine en octobre dernier, faisant perdre leur travail à un millier de personnes et ruinant la région.

La droite rend responsables les révoltés de mai dernier de la crise qui frappe la Nouvelle-Calédonie. Mais la vérité est que les démolisseurs sont les trusts internationaux et leurs relais locaux, qui s’enrichissent scandaleusement quand les cours mondiaux sont au plus haut et qui mettent les travailleurs à la rue quand la production ne leur rapporte plus assez.

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