PCF : le double langage de Roussel18/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2929-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

PCF : le double langage de Roussel

À la Fête de l’Humanité, le discours du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, s’est voulu radical. Certains, parmi ceux qui y ont assisté, pourraient croire qu’il veut se battre pour l’intérêt des travailleurs. Ce serait faire preuve de beaucoup de naïveté.

Roussel a parlé d’« interdire le chômage », et de la nécessité d’un « rattrapage sur tous les salaires » et de leur « indexation sur l’inflation ». Il a aussi pointé du doigt à de nombreuses reprises les “500 familles” qui accaparent à elles seules 41 % du PIB français. Il a même expliqué que « sans pression populaire, sans mobilisation, sans lutte dans les entreprises, il sera difficile de faire bouger les lignes ». Enfin, il a terminé son discours par un long couplet pacifiste, dénonçant les dépenses d’armement de tous les États qui « alimentent les guerres », affirmant : « Nous voulons la paix partout ! » Et, pour finir, il a repris les paroles de L’Internationale : « Debout les damnés de la terre, debout les forçats de la faim, nous ne sommes rien, soyons tout ! »

Toutes ces déclarations, auxquelles on n’était plus trop habitué de la part d’un secrétaire national du PCF, servent à enrober une politique, toujours la même : « mettons au pouvoir l’union de la gauche ». Roussel n’a même pas tenté de dire en quoi un hypothétique gouvernement d’union de la gauche serait différent de ceux du passé, de Mitterrand à Jospin ou Hollande, qui ont mené une politique contre les travailleurs et en faveur du grand patronat, au point d’écœurer les propres militants du PCF.

Et puis, Roussel s’est bien gardé de faire le bilan politique des élections législatives et du Nouveau Front populaire (NFP). Dans cette affaire, le PCF a perdu des députés, leur nombre étant passé de 22 à 17. Roussel lui-même, a été battu dès le premier tour dans son fief de Saint-Amand-les-Eaux, dans le Nord, par le candidat du RN. En revanche, des figures politiques détestées des travailleurs ont fait leur retour sur le devant de la scène, comme François Hollande. Ensuite, la tactique du « front républicain » a permis à des ministres de Macron, comme Borne ou Darmanin, de se faire réélire avec des voix de gauche. Voilà les couleuvres que la politique du NFP a fait avaler à ses électeurs, pour qu’au final Macron désigne un Premier ministre de droite, Michel Barnier, en négociant avec le RN pour qu’il ne censure pas immédiatement son futur gouvernement.

Se laisser bercer par le discours de Roussel serait se préparer à de nouvelles désillusions. Pendant et après la Fête de l’Humanité, le PCF s’est mis à encenser un autre homme politique de droite, Dominique de Villepin. Invité dans un débat, celui-ci a obtenu un succès facile en affirmant que Macron aurait dû nommer Lucie Castets comme Première ministre. Mais au nom de quoi les militants du PCF doivent-ils applaudir ce politicien bourgeois qui est en train d’offrir ses services à Macron et à la bourgeoisie au cas où Barnier échoue ? Le PCF espère-t-il, en faisant ainsi la courte échelle à Villepin, une place de ministre en retour au cas où celui-ci serait appelé à gouverner ?

Roussel a cherché à masquer la réalité de cette politique, sur la grande scène de la Fête de l’Humanité, en récitant les paroles de L’Internationale. C’est assez affligeant.

Partager