Prisons : paranoïa politicienne09/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2958-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Prisons : paranoïa politicienne

Le 7 avril, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a donné le signal de l’évacuation des détenus de la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, avant des travaux de transformation.

C’est le premier centre de détention choisi pour devenir une prison de haute sécurité destinée à isoler une partie des « 200 plus dangereux narcotrafiquants de France », selon le Garde des sceaux.

C’est l’axe de sa politique ultra sécuritaire en collaboration et en compétition avec son compère Retailleau, ministre de l’Intérieur. Caillebotis aux fenêtres, portiques de détection ultra-sophistiqués à un million d’euros pièce, isolement des détenus, salles de visioconférence pour les convocations devant la justice : Darmanin veut tout prévoir pour éviter au maximum les transferts de prisonniers et une nouvelle affaire Mohamed Amra. Retailleau, lui, se charge de la surveillance extérieure.

Le régime des détenus devrait être pire que l’isolement pratiqué déjà dans les prisons françaises : fouilles à nu systématiques, pas de parloirs familiaux mais une communication par hygiaphone, il est même prévu la possibilité « d’aménagements » portant « atteinte à l’exercice des droits » des détenus.

L’Observatoire international des prisons a dénoncé le danger de ces narco-prisons, soulignant le « risque évident d’arbitraire tant les critères [de placement] sont flous et la paranoïa sécuritaire totale ».

Dans cette nouvelle version des quartiers de haute sécurité supprimés en 1982 en raison de leur inhumanité, on trouvera peut-être quelques barons de la drogue, sans doute moins gros que ceux qui, grâce à leurs relations ou leur fortune, peuvent y échapper.

Quant aux autres, une flopée de petits caïds, à leur sortie s’ils sont encore vivants, ils seront devenus, pour reprendre les termes de certains députés contestataires, des « fauves » après quelques années de ce régime dans la « fabrique à fous » que constituent les quartiers d’isolement.

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