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Leur société
Public-privé : le mécontentement est toujours là
Le 5 décembre, les travailleurs de la Fonction publique étaient appelés à la grève et à manifester. Le succès de cette journée est un encouragement à préparer une riposte de l’ensemble du monde du travail.
Dans l’enseignement, selon la FSU, 65 % du personnel était en grève dans le primaire et 54 % dans le secondaire. Le ministère, qui sous- estime toujours le nombre de grévistes, a lui-même indiqué un enseignant sur trois en grève, ce qui correspond à une mobilisation forte.
Aux Finances publiques, la grève a aussi été bien suivie : 20 % d’après le ministère. Il est plus difficile d’estimer le succès de la mobilisation dans les hôpitaux, entre sous-effectif et réquisitions. Mais dans les cortèges on pouvait voir pêle-mêle des travailleurs des hôpitaux, de l’enseignement, des mairies partageant la même colère. Les cortèges ont été fournis, regroupant selon la CGT 200 000 manifestants dans le pays, dont 30 000 à Paris.
La dégradation des conditions de travail et des salaires est la première cause de la mobilisation. Comme tous les travailleurs, ceux du public subissent le blocage des salaires : depuis 2000, le site de statistiques officielles data.gouv.fr relève lui-même que le point d’indice qui sert de base au calcul du salaire des fonctionnaires n’a augmenté que de 16 % alors que la hausse des prix a été de 51 %. Si ces salaires avaient suivi la hausse des prix depuis 2000, ils seraient un tiers plus élevés. Un travailleur à 1 800 euros devrait par exemple toucher 2 400 euros.
Les suppressions constantes d’effectifs entraînent de leur côté une dégradation sans fin des conditions de travail. Le gouvernement, avant d’être censuré, avait budgété un nouveau gel du point d’indice, la nouvelle suppression de dizaines de milliers de postes dans la fonction publique, dont 4 000 rien que dans l’Éducation nationale. Il y avait ajouté le passage des jours de carence de un à trois et la baisse de 10 % des indemnités journalières en cas d’arrêt maladie.
Les déclarations méprisantes du ministre Kasbarian ou par exemple de Sarkozy, qui a prétendu que « professeur des écoles, c’est 24 heures de travail par semaine, six mois par an », ont certainement aidé à la mobilisation. Un professeur manifestait par exemple à Paris en brandissant une pancarte manuscrite, « Respectez-nous, connards ! » Les marques de soutien dans le cortège montraient qu’il exprimait le sentiment de beaucoup.
La chute du gouvernement Barnier n’a pas dissuadé les grévistes de se mobiliser. Il n’y a en effet rien d’autre que des coups à attendre de son successeur.
De nouvelles manifestations étaient appelées le 12 décembre. En tout cas, il faut de manière urgente préparer la riposte du monde du travail, sans quoi la situation des classes populaires va se dégrader de plus en plus rapidement, conséquence de la dévastation sociale qu’entraîne la multiplication des fermetures d’usines et des plans de licenciements.