RATP bus : inquiétude face aux transferts02/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2957-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP bus : inquiétude face aux transferts

La Région Île-de-France a annoncé qu’elle allait attribuer à Transdev les dépôts actuellement RATP de Pavillons, en Seine-Saint- Denis, et de Flandres à Paris. Le dépôt de Fontenay, dans les Hauts- de-Seine, serait attribué à ATM et celui de Massy dans l’Essonne à la filiale RATP Cap.

Ces transferts doivent se faire dans un délai d’un an. La filialisation de l’ensemble du réseau bus de la RATP doit se poursuivre et s’achever d’ici fin 2026. La direction de la RATP, tout comme la Région, tiennent depuis le début un discours rassurant pour faire passer la pilule. Dans un courrier adressé aux agents de la RATP, Valérie Pécresse, la présidente de la Région et d’Île-de-France Mobilités (IDFM), répète que la garantie de l’emploi restera et que les salaires seront maintenus. Une indemnité différentielle pour les salaires, calculée par le repreneur, sera censée combler la différence entre les salaires RATP et ceux des filiales.

Ces promesses n’engagent que ceux qui les croient. Les travailleurs de la RATP savent que ceux qui sont en inaptitude risquent fort d’être licenciés de façon plus expéditive, que pour les salaires et les augmentations plus ou moins automatiques à l’ancienneté, le repreneur fera ce que bon lui semble. Quant au calcul RATP de la retraite pour ceux qui en bénéficient encore, un décret prévoit son maintien. Mais pour combien de temps ?

Depuis des années, la RATP a préparé la voie pour les repreneurs. C’est elle qui a instauré un salaire inférieur de 300 euros pour les conducteurs de bus recrutés depuis 2023. Pour les conditions de travail, elle a supprimé six jours de repos et allongé le temps de conduite quotidien de 50 minutes. Le repreneur aura toute latitude de poursuivre dans la même voie. C’est ce qui se passe dans la plupart des réseaux de bus, après chaque appel d’offre pour les « délégations de service publics » (DSP).

Les travailleurs des bus ont aussi appris qu’ils perdront la carte de circulation gratuite sur le réseau RATP. Au dépôt de Montrouge et de Massy, une pétition a été lancée pour la conserver et pour contester le courrier envoyé par la direction à ceux qui ont un compte repos en négatif. Celle-ci menace de les obliger à venir travailler gratuitement sur leurs repos !

Au lieu de dénoncer et de combattre ces attaques de la direction, les communiqués des syndicats laissent entendre qu’attribuer les dépôts aux filiales de la RATP aurait été mieux pour les salariés et les usagers. Les élus de gauche de la région en ont rajouté.

Par exemple, LFI dénonce l’attribution de dépôts à ATM, qui est une entreprise italienne gérant les transports urbains de Milan, écrivant que « cette entreprise n’a aucune connaissance de la règlementation française », ou invoquant « la défense de notre souveraineté économique et de notre savoir-faire ». D’autres soulignent le fait qu’au sein de Transdev, c’est un capitaliste allemand qui sera majoritaire. Comme si c’était le problème et comme si la RATP ou les patrons bien français choyaient les travailleurs !

En présentant le danger comme venant des entreprises étrangères, en présentant la RATP comme un refuge douillet et l’assurance d’un meilleur service aux usagers, c’est le fond de l’attaque menée contre les salaires et les conditions de travail qui est mis de côté. Les travailleurs estiment à juste titre que cet éparpillement des dépôts entre diverses sociétés vise à les affaiblir. Mais dire que le maintien au sein de la RATP ou de ses filiales mettrait fin aux attaques qu’elle n’a cessé de mener serait une illusion.

Les 19 000 travailleurs concernés par le passage en filiale représentent une force qui peut faire échouer cette attaque. À condition de se concentrer sur la défense des intérêts des travailleurs et de leurs revendications, de s’organiser dans cet objectif dans les dépôts et entre les dépôts.

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