RATP - bus : petites magouilles et grosses économies28/08/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/08/une_2926-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP - bus : petites magouilles et grosses économies

Plusieurs médias ont fait savoir que, pour masquer des défauts d’entretien, la RATP procède fréquemment à une manipulation permettant d’éteindre les voyants du tableau de bord juste avant de présenter les véhicules au contrôle technique, obligatoire tous les six mois. Les voyants se rallument à la sortie du centre de contrôle, évitant l’immobilisation du bus pour une contre-visite.

La direction de la RATP se défend de toute mise en danger des voyageurs, sans toutefois nier vraiment l’existence d’une pratique visiblement aussi connue de l’entreprise chargée des contrôles techniques. Elle est aussi attestée par plusieurs travailleurs de la RATP, qui dénoncent les pressions hiérarchiques destinées à imposer le silence sur ces tripatouillages.

Beaucoup de conducteurs sont scandalisés de ces révélations, même s’ils ne sont pas surpris. Il n’est d’ailleurs pas rare de devoir rouler avec au moins un voyant orange allumé au tableau de bord, en recevant comme explication que « c’est le voyant qui déconne » et que celui-ci n’impose pas l’arrêt immédiat du véhicule.

Les conducteurs sont confrontés au quotidien aux défaillances du matériel. Bien souvent, les systèmes de communication et de localisation ne fonctionnent pas, tout comme la climatisation. Des panneaux extérieurs sont réparés au scotch. Il arrive que les boîtes de vitesses automatiques passent en « neutre » en circulation, le bus se retrouvant alors en roue libre. Chaque année, plusieurs bus, électriques ou thermiques, prennent feu sur la voie publique, même sans choc.

En cas d’accident, l’enquête est effectuée en interne et en toute opacité par la direction de la RATP et le constructeur des bus, ce qui leur permet bien souvent de se mettre eux-mêmes hors de cause et d’en faire porter la responsabilité aux agents.

C’est bien la pénurie de bus, combinée au manque de personnel d’entretien et de maintenance, qui rend impossible de couvrir les services tout en respectant les normes du contrôle technique. Les effectifs des ateliers de maintenance ont été divisés par trois en dix ans sous prétexte de renouvellement du parc de bus et les stocks de pièces réduits au minimum. La direction sous-traite autant que possible et compte sur les garanties constructeurs des nouveaux véhicules, mais l’entretien courant ne suit pas. Les fabricants, de leur côté, sont plus soucieux des marges à tirer des commandes publiques que de tout autre chose. Ainsi, 148 Bluebus fournis par Bolloré ont dû être retirés de la circulation pendant deux ans suite à plusieurs incendies en pleine voie.

Face aux révélations concernant la fraude au contrôle technique, Pécresse, qui dirige l’instance de régulation des transports IDFM, crie au scandale d’autant plus fort qu’il s’agit pour elle de cacher que les économies ont été faites à la demande des autorités publiques.

C’est bien la recherche de la rentabilité qui pousse à une telle irresponsabilité vis-à-vis de la sécurité élémentaire des usagers et des conducteurs.

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