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Leur société
Retraités : épargnés pour mieux être attaqués ?
Le 13 novembre, l’Assemblée nationale a renoncé à supprimer l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite envisagé jusque- là.

Bayrou avait mis sur la table la fin de cet abattement, qui aurait augmenté l’impôt pour 39 % des retraités. Politiciens et journalistes ont présenté cet abattement comme l’équivalent d’une « niche fiscale », voire l’ont assimilé à la prolongation des 10 % que les salariés peuvent déduire comme « frais professionnels » de l’impôt sur le revenu.
Créé en 1978, l’abattement sur les pensions constituait en réalité la reconnaissance du fait qu’une explosion des prix rognait déjà le pouvoir d’achat, et qu’un travailleur arrivant à la retraite perd plusieurs centaines d’euros par mois par rapport à son salaire sans avoir moins de dépenses à régler, bien au contraire.
Cet abattement était donc censé contrebalancer un tout petit peu ce manque à gagner, sans aucun rapport avec les « frais professionnels » déductibles des salariés.
Si les députés ont renoncé à supprimer ces 10 % d’abattement, ce n’est qu’un répit car l’objectif, lui, reste inchangé. Et la campagne engagée il y a des mois sert toujours. Ainsi la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, en appelle à « une forme de solidarité au sein de la population des retraités » pour l’avenir. Il s’agit, encore et toujours, de montrer du doigt les travailleurs à la retraite comme de prétendus privilégiés par rapport aux travailleurs en activité. Le titre d’un article du journal Les Échos, « Les retraités à nouveau épargnés, la polémique monte », donne le ton.
Année électorale oblige, au moins en vue des municipales de 2026 sinon des présidentielles de 2027, les politiciens craignent de prendre à rebours les dix-sept millions de retraités du pays. Pour autant, l’État, au service des plus riches, traque encore et toujours toutes les économies possibles sur la population laborieuse, dont les travailleurs à la retraite.