Le métier d’équilibriste consiste à maintenir son centre de gravité pour ne pas tomber. Pour le RN, il implique de louvoyer entre la nécessité de conserver son électorat, en colère contre Macron et sa politique et la nécessité supérieure de se montrer responsable vis-à- vis du patronat et des possédants pour être accepté dans l’avenir comme serviteurs au plus haut niveau.

Depuis le début, le RN soutient le gouvernement Barnier mais c’est de moins en moins acceptable pour son électorat populaire qui subit ou voit venir les attaques de ce même gouvernement. Le Pen et Bardella ont donc besoin de se démarquer et d’apparaître comme préoccupés du sort des classes populaires. Ils ont joué le jeu de la négociation avec Barnier pour pouvoir mettre à leur crédit son recul sur certaines attaques. Mais ils ont bien fait attention à ne pas réclamer des mesures qui auraient pu gêner même un tout petit peu le patronat. Et ce que Barnier a lâché, l’annulation de l’augmentation des taxes sur l’électricité comme l’annulation du déremboursement des médicaments, ne peut égratigner le moins du monde les milliards de profits des capitalistes, même pas ceux des trusts pharmaceutiques ou de l’énergie. En agissant ainsi, le RN n’a désigné comme responsables de la dégradation violente des conditions de vie de la population que le gouvernement et ses ministres, tout en disculpant les capitalistes qui sont les principaux responsables de la crise et sont surtout ceux qu’il serait indispensable de faire payer.

De plus, les fieffés démagogues du RN ont aussi proposé une mesure qui alimente la division des travailleurs. Ils voudraient faire croire que les classes populaires iraient mieux si des travailleurs immigrés se soignaient moins du fait de la réduction des soins compris dans l’AME. Cette politique de division contribue à affaiblir le camp des travailleurs.

Il n’y a que deux constantes dans les contorsions politiques du RN : tout faire pour accéder au gouvernement ; ne rien faire qui nuise au grand patronat.