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- Lutte ouvrière n°2941
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Dans les entreprises
Rougié – Sarlat : en grève
C’est par la presse que les 73 salariés de l’usine de fabrication de foies gras Rougié, basée à Sarlat, en Dordogne, ont appris le 20 novembre que leur site allait fermer. Deux jours après, ils se sont mis en grève.
Le 9 décembre, le personnel était toujours en grève en quasi- totalité : seuls cinq salariés et une dizaine d’intérimaires collent des étiquettes dans l’usine. La production est complètement à l’arrêt et les grévistes tiennent un piquet devant l’usine jour et nuit. Ils se sont installés sous un grand barnum prêté par la mairie, et des commerçants du quartier ainsi que des habitants solidaires leur apportent un soutien actif sous forme de nourriture et de bois pour alimenter leur barbecue.
La « coopérative » Rougié dépend en fait d’Euralis, une entreprise multinationale de l’agro-alimentaire, qui possède, en plus de deux autres usines de foies gras en France, des investissements dans de nombreux secteurs, comme les semences, la charcuterie industrielle, les traiteurs, et les magasins Point Vert et Terranimo. Il ne s’agit donc pas d’une PME au bord de la faillite mais bien d’une entreprise capitaliste qui n’hésite pas à ruiner des familles ouvrières d’une petite ville pour le profit des actionnaires. Et les salariés en sont bien conscients depuis qu’ils ont appris que le directeur du site se serait vanté de faire gagner 5 millions d’euros à Euralis en fermant l’usine de Sarlat !
Les grévistes demandent à bénéficier des mêmes conditions de départ que celles gagnées en 2018, lors de la grève due au précédent plan de licenciement, plus 20 % du fait de l’inflation. Face à cette demande d’avoir de quoi vivre dignement, la seule réponse de la direction a été d’assigner trois élus syndicaux au tribunal de Bergerac pour occupation d’usine.
Les grévistes sont déterminés à se battre jusqu’au bout pour pouvoir partir dans des conditions acceptables. Retrouver du travail à Sarlat, ce n’est pas gagné, et, comme le dit une ouvrière gréviste « cette usine, c’est nous qui l’avons faite. »