Saint-Denis : l’administration fabrique des sans-papiers18/09/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/09/P5-2_A_la_sous-prefecture_de_Saint-Denis_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C222%2C2362%2C1550_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Denis : l’administration fabrique des sans-papiers

Chaque matin aux aurores, des dizaines de personnes se massent devant les grilles de la sous-préfecture de Saint-Denis, en Seine- Saint-Denis, pour renouveler leur titre de séjour.

Illustration - l’administration fabrique des sans-papiers

Ce bâtiment, installé dans l’ancienne Banque de France, vient d’être rénové et abrite de très grandes salles, mais pour les travailleurs étrangers qui viennent pour leur titre de séjour, on ne déroule pas de tapis rouge comme pour les touristes aisés pendant les JO ! Qu’il pleuve ou qu’il vente, c’est dans la rue, sans aucune organisation et dans la bousculade, que doivent se masser celles et ceux qui ont un rendez-vous. Ils se mêlent à ceux qui viennent parfois tous les jours pour réussir à en obtenir un ou simplement pour remettre un document.

Aucun employé ne vient les voir. Parfois c’est un agent de sécurité en gilet blanc, parfois un pompier en gilet rouge, qui est envoyé pour récupérer les documents à travers les grilles, et pour ouvrir la porte à ceux qui ont eu la chance d’obtenir, enfin, le droit de rentrer. Parvenir à obtenir un rendez- vous relève en effet du parcours du combattant : il est impossible de prendre un rendez-vous par téléphone. Ils sont mis en ligne de façon aléatoire sur Internet et préemptés souvent immédiatement par des trafiquants qui veillent 24 heures sur 24 pour en faire commerce en les revendant de 50 à 500 euros.

Cette situation n’est pas spécifique à Saint-Denis. La plupart des préfectures connaissent les mêmes pratiques scandaleuses. En fait, c’est une politique qui revient à stopper les demandes de titre de séjour, mais aussi le renouvellement de ceux existant déjà.

À Saint-Denis, un collectif d’habitants vient de se mettre en place pour dénoncer cette situation. À sa première réunion, une militante de la cité du Franc- Moisin a rapporté que des personnes empêchées de renouveler leur titre de séjour avaient perdu leur travail et croulaient sous des dettes de loyer importantes. De même, des retraités étant en France depuis des dizaines d’années se trouvent en situation d’être expulsés, leur titre de séjour de dix ans n’ayant pas pu être renouvelé ! À d’autres, la préfecture dit ne pas avoir connaissance du titre de séjour qu’ils peuvent pourtant montrer et refuse pour ce motif de le renouveler. Parfois, elle prétend avoir perdu leurs empreintes !

Le collectif a prévu d’être présent devant la sous-préfecture pour aider à l’organisation des demandeurs et faire face à cette situation, créée de toutes pièces par l’administration. Il serait facile d’organiser les demandes de papiers correctement, dans le respect des personnes, mais l’État et son administration contribuent ainsi à rendre la vie impossible à une partie des travailleurs. Dénoncer cette façon dont les travailleurs immigrés sont traités fait partie de la lutte pour l’unité de la classe ouvrière.

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