Les sans-abris chassés de la carte postale13/08/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/08/une_2924-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Leur société

Les sans-abris chassés de la carte postale

Un collectif d’associations a publié, début août, un rapport qui détaille comment la Préfecture de police a mené en amont des JO une politique de nettoyage social « pensée et orchestrée. »

Entre avril 2023 et mai 2024, le rythme des expulsions des campements informels s’est intensifié, avec 138 opérations policières qui ont déplacé plus de 12 500 personnes sans domicile, la plupart vers des centres régionaux. Les autorités ont veillé à laisser suffisamment de places libres dans les centres d’hébergement d’Île-de- France afin de les réserver aux opérations de « mise à l’abri » de dernière minute. Après une pause en juin, les opérations de chasse aux sans-abris ont donc repris de plus belle avant la cérémonie d’ouverture, pour faire place nette autour du parcours de la flamme et des sites des épreuves, et pour finir de démanteler les derniers campements trop visibles subsistant dans Paris. Les contrôles policiers se sont en parallèle intensifiés pour dissuader les sans- abris de revenir pendant les JO.

C’est ainsi qu’un Paris de carte postale a pu être présenté aux touristes du monde entier. Mais pour les sans-abris, qui parfois avaient un travail ou des liens dans le quartier qui les aidaient à survivre et leur permettaient d’avoir accès à certains soins, cette politique a eu des conséquences graves. Chassés de leur village de tentes, certains se sont réinstallés, par petits groupes, dans les buissons, encore plus isolés et précaires. Des femmes, avec de petits enfants, se sont retrouvées à la rue, encore plus vulnérables qu’auparavant.

« Ils ont dépensé 1,4 milliard pour nettoyer la Seine. Nous avions demandé 10 millions d’euros pour les précaires et on ne les a pas eus », a déclaré le coordinateur de Médecins du Monde à la presse. C’est donc cela que les dignitaires satisfaits du CIO, du gouvernement ou de la mairie de Paris appellent des Jeux « solidaires et inclusifs. »

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