Sécurité sociale : État et patronat creusent le trou05/06/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/06/P7-1_Trou_s%C3%A9cu_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C85%2C382%2C299_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : État et patronat creusent le trou

C’est reparti sur le « trou de la Sécu », prétexte qui permet à tous les gouvernements, de gauche comme de droite, de détourner des milliards d’euros des poches des travailleurs vers les caisses des patrons, tout en accusant les premiers d’être trop dépensiers.

Illustration - État et patronat creusent le trou

La Cour des comptes estime que le déficit de la Sécurité sociale passerait de 10,8 milliards d’euros en 2023 à 17,2 en 2027. Mais le trou de la Sécu, quel qu’en soit le montant réel ou supposé, reste avant tout une création de l’État, qui lui permet, en plus, de justifier ses attaques répétées contre les travailleurs.

Ce déficit a été consciencieusement créé et creusé depuis plus de vingt ans au profit du patronat. Gouvernements de gauche et de droite ont multiplié les exonérations des cotisations patronales, classées dans les « charges ». Les seuls allègements de ces cotisations sociales dites « employeurs » ont représenté 73 milliards d’euros en 2022 d’après l’Urssaf. En échange, l’État n’a versé que 60,3 milliards à la Sécurité sociale, la privant de 13 milliards rien que cette année-là. Car, si l’État est tenu de compenser les pertes liées aux exonérations qu’il décide en faveur des patrons, il passe le plus souvent des lois pour s’exonérer à son tour et ne pas rembourser la Sécurité sociale !

Ce gigantesque transfert de fonds au profit des patrons ne se limite pas là. Le rapport de la Cour des comptes indique d’autres facteurs à l’origine du creusement de la dette de la Sécu. Pour maintenir les salaires au plus bas, les patrons ont augmenté la part des tickets-restaurants, des mutuelles ou de certaines primes, qui représentent désormais 13,2 % du salaire de base. Or ces prétendus « compléments de salaire » sont exemptés de cotisations, créant un manque à gagner pour la Sécurité sociale, sans parler du fait qu’ils sont fixés au bon vouloir des patrons.

Le rapport évoque, enfin, les millions de travailleurs réduits au chômage comme l’un des facteurs du déficit de la Sécurité sociale.

Et il ne faut pas oublier le financement par l’organisme de la plus grande partie des dépenses des hôpitaux.

Le trou de la Sécu est donc le résultat d’un immense hold-up opéré par l’État contre les travailleurs et au plus grand profit du patronat. S’il vient d’être remis sur la table par la Cour des comptes, cela laisse présager de nouvelles attaques contre les salariés.

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