Simplification : simple comme le profit privé26/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2956-c.jpg.445x577_q85_box-17%2C0%2C3294%2C4244_crop_detail.jpg

Leur société

Simplification : simple comme le profit privé

Depuis lundi 24 mars, les députés débattent d’une loi de simplification de la vie économique, concoctée par Le Maire lorsqu’il était ministre, qui a déjà été adoptée par le Sénat.

Le texte vise, comme son nom l’indique, à débarrasser les entrepreneurs de la masse de papiers administratifs qui bloquerait leur créativité, entraverait leur génie et limiterait par là même la croissance du pays et sa prospérité. Bayrou évalue ce surcoût administratif à 4 % du PIB, soit autour de 100 milliards d’euros, montant tout aussi énorme qu’invérifiable.

On comprend bien que, comme le décrivent les reportages et enquêtes des médias, bien des petits patrons préfèreraient être sur leur chantier ou à leur fournil plutôt qu’à remplir des formulaires et sont donc a priori favorables à une simplification. Mais, en cette matière comme en bien d’autres, les difficultés éventuelles des petits patrons servent à couvrir les prétentions et les exactions des grands.

Ainsi, le gouvernement a déjà adopté un décret de simplification supprimant l’obligation de publicité et de consultation pour les chantiers publics d’une valeur inférieure à 100 000 euros. La loi prévoit de supprimer l’intervention de la Commission nationale du débat public, jusque-là obligatoire, pour les chantiers au-delà d’un budget de 600 000 euros, c’est-à-dire ceux des grands groupes. Les riverains de ces projets passeront donc de l’impression que leur avis ne compte pas beaucoup à la certitude qu’il ne compte pas du tout. Les membres et les salariés de cette Commission nationale étaient d’ailleurs en grève le 25 mars pour protester contre cette mesure.

La droite et le RN proposent en outre des amendements défendant toujours l’intérêt particulier, celui du propriétaire capitaliste, contre l’intérêt général. Ils peuvent concerner par exemple l’aménagement du territoire et la préservation d’un minimum de terrain non bétonné. Le prétexte est évidemment que le développement de l’entreprise sans frein, sans paperasse et sans contrôle devrait faire automatiquement le bonheur des travailleurs.

Le nouveau président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), plus franc ou moins expérimenté, a tout de même vendu la mèche de la simplification : son rêve serait de voir le Code du travail « réduit à une page ». Cela réduit les prétentions au bonheur des exploités à pas grand- chose.

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