Station spatiale : astronautes en péril et big business13/08/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/08/une_2924-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Station spatiale : astronautes en péril et big business

Partis début juin pour un séjour d’une semaine dans l’espace, deux astronautes sont coincés jusqu’à nouvel ordre dans la station spatiale internationale.

Ils étaient arrivés à bord d’une capsule de Boeing, dont c’était le premier vol habité. Plusieurs propulseurs sont tombés en panne, et s’ils ont finalement pu arriver à bon port, les ingénieurs de la NASA s’interrogent sur la capacité de ce véhicule à les ramener au sol en bon état.

Bien sûr, le vol spatial est toujours à risque, mais Boeing est mis en cause, comme dans l’affaire des avions 737 MAX, pour ses mensonges et ses défaillances en matière de sécurité. Le programme Starliner, pour lequel Boeing a déjà empoché 4 milliards de dollars, a pris cinq ans de retard, avec une série de défaillances. Le problème des fuites d’hélium sur les propulseurs, responsables de leur dysfonctionnement, était déjà connu, et par deux fois d’autres problèmes techniques avaient fait reporter le vol à la dernière minute alors que les astronautes étaient déjà installés au sommet de la fusée.

Boeing est connu du grand public pour ses avions civils, mais ses contrats avec l’État américain lui rapportent presque autant, environ 25 milliards de dollars par an. Entre missiles, gestion de sites nucléaires, avions de guerre ou sous-traitance pour la NASA, Boeing est habitué à puiser dans les caisses du Pentagone et à multiplier les dépassements de budget en toute opacité. Mais le groupe est aujourd’hui confronté dans le domaine spatial à la concurrence de nouveaux venus. La NASA a incité les capitalistes de la Silicon Valley à lui fournir leurs services, et elle a financé l’ascension de SpaceX, l’entreprise d’Elon Musk, qui semble se montrer plus performante, en tout cas plus habile à exploiter le travail humain, puisqu’elle a déjà réalisé avec succès huit vols habités vers la station spatiale.

Maintenant la NASA doit décider si les efforts de Boeing pour bricoler à distance sa capsule peuvent suffire à garantir la sécurité du vol retour, ou s’il faut que les astronautes attendent que SpaceX vienne les chercher en janvier prochain. Boeing cherche naturellement à éviter cette humiliation, et ses ingénieurs ne sont même pas sûrs de réussir à faire partir la capsule à vide pour libérer la place, mais une histoire qui se terminerait par la mort des astronautes serait encore pire, non seulement pour ceux-ci mais pour les intérêts des actionnaires.

L’affaire est aussi suivie de près en Inde, car Sunita Williams, une des deux astronautes, est populaire dans ce pays, dont sa famille est originaire. Et en tant que seconde astronaute américaine d’origine indienne, elle ravive la mémoire de la première, Kalpana Chawla, morte lors de l’explosion de la navette Columbia en 2003.

En tout cas, nul doute que si les travailleurs de SpaceX envoient une fusée qui sauve les astronautes, on entendra les défenseurs du capitalisme chanter la grandeur de leur patron, ce milliardaire mégalomane, et de la libre entreprise.

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