Taxes aériennes : le chantage des compagnies27/11/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/11/une_2939-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Taxes aériennes : le chantage des compagnies

Alors que le gouvernement a prévu de tripler une taxe sur les billets d’avion, les patrons des compagnies aériennes ont entamé un bras de fer pour pousser leur avantage.

En pointe sur cette affaire, le patron de Ryanair a affirmé qu’il n’avait « aucune honte à dire qu’il dirigera ses capacités vers les endroits qui œuvreront avec lui à réduire ces coûts. » Il menace en fait de cesser ses activités dans 10 aéroports français.

C’est la taxe de solidarité sur les billets d’avion, la TSBA, que le gouvernement a prévu de tripler. Cette taxe, dite taxe Chirac, votée en 2006 sous sa présidence, devait selon ses promoteurs financer la lutte contre le sida en Afrique. La vignette automobile n’avait- elle pas été introduite en son temps sous le même prétexte de solidarité pour financer un revenu minimum pour les personnes âgées ? La TSBA a rapporté l’an dernier à l’État 460 millions d’euros. Barnier en voudrait un milliard de plus. Ce ne sont pas les compagnies qui sont appelées à prendre sur leurs profits, mais les voyageurs qui sont invités à passer à la caisse. Ainsi, en classe économique, à destination de l’Europe, ils seraient prélevés de 9,5 euros au lieu de 2,63 actuellement. L’augmentation serait proportionnelle à la distance parcourue et à la classe du voyage.

À l’annonce de cette décision, toutes les compagnies aériennes ont protesté. Air France s’est plainte qu’elle devrait débourser un tiers du milliard attendu par Bercy. Air Caraïbes a estimé que « près d’un tiers des bénéfices » de la compagnie allait ainsi s’évaporer. Ces compagnies mentent effrontément. Si la taxe est décidée, elles la répercuteront intégralement sur les prix des billets de voyageurs qui, loin de là, ne voyagent pas tous en classe affaires. Quant à la baisse possible de trafic que les compagnies opposent à l’augmentation de la TSBA, elle est très hypothétique, ceux qui prennent l’avion pouvant certainement payer 7 euros de plus par billet.

Il est en fait plus que probable que ces compagnies profitent de la hausse de la TSBA pour négocier avec l’État ou les collectivités des contreparties qui grossiront un peu plus leurs bénéfices. Les compagnies aériennes sont spécialistes du genre. Ainsi Ryanair reçoit déjà, rien qu’en Occitanie, 10 millions d’euros par an d’argent public de la part des collectivités locales au nom du maintien de ses lignes au départ de Perpignan, Carcassonne ou encore Lourdes… Les deux milliards d’euros de profit que Ryanair a réalisés en 2023 dans le monde viennent non seulement de l’exploitation de ses salariés mais aussi du pillage des caisses publiques !

Pour des raisons d’optimisation de ses profits, Ryanair pourrait cependant décider de fermer des lignes, ce qui entraînerait des licenciements par dizaines. Elle pourra dans ce cas incriminer tranquillement le gouvernement et la fatalité. Ses travailleurs devront ne pas croire à ses mensonges et se défendre.

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