Toray – Pau : dictature patronale05/06/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/06/une_2914-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toray – Pau : dictature patronale

Le mardi 28 mai, Timothée Esprit, délégué CGT à l’usine Toray Carbone à Pau, était convoqué à un entretien préalable avant licenciement. Le motif invoqué par la direction ? Avoir publié sur son compte Facebook personnel une photo de soutien à la Palestine où apparaît le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP).

Au lendemain de cet entretien, le patron de cette usine Toray, appartenant à un grand groupe japonais, envoyait la lettre de licenciement et diffusait une vidéo dans laquelle il justifiait sa décision. Selon lui, un gros client de cette usine qui fabrique de la fibre de carbone pour l’aéronautique, y compris militaire, se serait plaint que Toray soit associé, à travers le compte Facebook de Timothée, au FPLP, organisation classée comme terroriste par l’Union européenne.

Qu’un client ait réellement menacé de rompre ses contrats ou que la direction ait entièrement inventé cette fable pour se débarrasser d’un militant, actuellement en disponibilité pour militer à la fédération CGT de la chimie, la ficelle est grossière. Parmi les multiples clients, fournisseurs ou sous-traitants de Toray, combien d’entreprises cohabitent avec des dictatures sans que cela émeuve ce patron ? Combien exploitent des ouvriers sous-payés dans divers pays ? Depuis quand Toray est-il regardant sur les conditions dans lesquelles sa matière première, ou sa production, est transportée à travers le monde sur des cargos battant pavillon de complaisance ?

Traquer les prises de position personnelles d’un salarié en dehors de l’usine est une pratique digne d’une république bananière. Toray Carbone le sait mais s’asseoit sur la loi comme il s’asseoira sur le rejet prévisible de ce licenciement par l’Inspection du travail. Comme bien des patrons, il fait sa propre loi et ne recule devant aucune méthode pour licencier des militants et tenter de faire marcher au pas les travailleurs. Il profite en outre du climat instauré par le gouvernement, qui criminalise depuis des mois les protestations contre le massacre des Palestiniens en les faisant passer pour de l’apologie du terrorisme.

Pour l’heure, cette convocation a provoqué des débrayages et un rassemblement le 28 mai devant les deux usines françaises du groupe, à Pau et dans la banlieue lyonnaise. Comme le disaient des travailleurs de l’usine lyonnaise : « Dans cette affaire c’est Toray qui agit en terroriste. » En débrayant, ils ont refusé de se laisser intimider.

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