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Leur société
Trafic de drogue : un fléau social et ses responsables
L’assassinat de Mehdi Kessaci, frère d’un militant combattant le narcotrafic à Marseille, et la légitime émotion qu’il a suscitée ont donné lieu à une instrumentalisation qui, si elle n’est pas une surprise, est proprement écœurante.

Amine Kessaci, dont deux frères ont été tués dans la guerre du narcotrafic, a trouvé largement sa place dans les médias, affirmant qu’après la mort de son petit frère il ne peut pas se taire et ne se taira pas. Mais les déclarations n’ont pas la même sincérité lorsqu’elles viennent de responsables politiques. « Combien de morts faudra-t-il à Marseille pour que vous réagissiez véritablement, pour que vous ouvriez les yeux face aux cartels de la drogue et face à tous les fléaux qui frappent notre ville — l’insécurité, la pauvreté et l’islamisme ? » a ainsi déclaré à l’Assemblée Franck Allisio, député des Bouches-du-Rhône et tête de liste RN aux municipales à Marseille, profitant de l’occasion pour attaquer le gouvernement et pour déverser son poison raciste. La droite et l’extrême droite se retrouvent d’accord en se bornant à revendiquer une police plus répressive, une justice plus ferme. Et Macron, cinq jours après le drame, n’a su que convoquer une énième réunion pour faire « un point de situation sur la mise en œuvre de la loi narcotrafic » et marteler la nécessité d’« amplifier » l’action de l’État.
Ces discours cherchent à exploiter le désarroi des classes populaires qui voient leurs quartiers se dégrader, des familles qui vivent dans la peur que leurs enfants deviennent des dealers ou plongent dans la drogue, ou soient victimes d’une balle perdue. Ces trafics aggravent les difficultés dans les quartiers et cités déjà dévastés par les conséquences du chômage, de la détérioration des services publics, santé, écoles ou transports. Les interventions policières, parfois spectaculaires, n’y changent rien.
Tous ces responsables politiques font surtout étalage de leur impuissance, car si la consommation de drogue est un fléau et si son commerce se développe, c’est d’abord parce qu’il rapporte. Ce commerce fait partie de l’économie capitaliste. La pauvreté et le délabrement général de la société fournissent aussi bien les consommateurs que les dealers. Ces derniers sont les petites mains d’un trafic contrôlé à un bien plus haut niveau par de puissantes mafias. Leurs chefs sont des capitalistes d’un genre particulier lorsqu’ils débutent, des capitalistes tout court à la deuxième génération, s’ils survivent. Le blanchiment d’argent que Macron et autres disent combattre est opéré à grande échelle au travers de circuits financiers mondiaux contrôlés par de grandes banques qui ont pignon sur rue, et auxquelles il est hors de question de toucher.
Le développement du narcotrafic, avec ses conséquences mortifères, n’est ainsi qu’un aspect d’une dégradation sociale dont les dirigeants de ce monde sont les premiers responsables. Ils ont, eux aussi, du sang sur les mains.