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Leur société
“Trou de la Sécu” : l’État pille l’argent des salariés
Une véritable mise en condition est en route pour annoncer la catastrophe qui menacerait la Sécurité sociale du fait du « trou » de son budget, qu’il faudrait combler par tous les moyens.

Une dernière charge est venue de l’ancien socialiste Moscovici, président de la Cour des comptes. « Ce n’est pas une situation saine et tenable, il convient de la rectifier maintenant », a déclaré le ministre.
Mais de quoi s’agit-il en réalité ? Tout d’abord les chiffres et ce qu’ils révèlent. Pour 2025, le budget global de la Sécurité sociale est de 666 milliards d’euros, avec un déficit annoncé de 23 milliards d’euros. Mais, dans le même temps, le budget des recettes de l’État est de 308 milliards d’euros, et les dépenses prévues de 445 milliards d’euros, soit un trou de…137 milliards d’euros, notamment creusé par 211 milliards d’aides aux entreprises. La catastrophe annoncée n’est pas là où on le prétend ; quant à ses causes, c’est encore une autre histoire.
La réalité est que, de tout temps et de plus en plus au fil des années, l’État a lorgné sur les recettes de la Sécurité sociale financées quasi exclusivement par les cotisations versées par des salariés et retraités. Même la fraction qui est qualifiée de « part patronale » n’est en réalité que du salaire différé.
L’État, sous tous les gouvernements, de gauche comme de droite, a décidé des allégements de cette « part patronale » des cotisations, ce qui fait autant de moins pour la Sécurité sociale. Selon les derniers chiffres certifiés, ces exonérations de cotisation se montaient, en 2023, à 75 milliards d’euros chaque année. Il est vrai que l’État est censé compenser ces sommes à 100 % sur son budget, mais il ne le fait que partiellement, le manque à verser s’élevant selon un député à 28 milliards d’euros.
Le pillage des caisses de la Sécurité sociale est ainsi une véritable institution. L’État ne finance pratiquement pas les hôpitaux, que ce soit leur construction ou leur fonctionnement. Pour lui, le budget de la Sécurité sociale est un moyen de financer les grands laboratoires pharmaceutiques par l’intermédiaire du remboursement à bon prix des achats de médicaments. De nombreux groupes privés d’hospitalisation, et une masse de sous- traitants grands et petits, sont financés par le même biais pour intervenir dans les hôpitaux publics.
Il ne faut pas oublier les retraites, qui comptent pour 338 milliards annuels dans le budget de la Sécurité sociale – l’État intervenant à hauteur de 68 milliards pour ses propres salariés. Le financement des retraites est assuré pour la plus grande part par le prélèvement fait sur les salaires en ne touchant pas aux profits patronaux. La CGT d’avant 1914 estimait : « Aux patrons de payer pour la retraite des travailleurs qu’ils ont exploités et usés ! » On est bien loin de l’application de ce principe.