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Ukraine-Russie : la mort fait son marché
Lorsque Trump a rencontré Zelensky à Paris, il a déclaré que 400 000 soldats ukrainiens, et bien plus de civils, sont morts « inutilement » et qu’il faut donc « conclure au plus vite un accord » pour sortir de la guerre.
Le président ukrainien s’est senti obligé de répondre à Trump en apportant ses propres chiffres sur ce qui relevait jusqu’alors du secret d’État. À l’en croire, l’Ukraine aurait eu jusqu’à présent 43 000 morts et 370 000 blessés. Zelensky a-t-il minoré ces pertes militaires et civiles, de crainte de heurter la population ukrainienne ? Ce ne serait pas étonnant. Mais, de toute façon, ce bilan ne peut être que provisoire car combats et bombardements se poursuivent. Ils s’intensifient même du fait précisément que Washington semble vouloir obtenir un cessez-le-feu à plus ou moins brève échéance.
Il reste que ce bilan sanglant suffirait à lui seul à accuser les organisateurs de cette boucherie. Ce sont en l’occurrence l’impérialisme américain et son allié ukrainien, dans leur volonté de toujours plus marginaliser la Russie dans l’espace ex- soviétique, et le Kremlin, du fait de sa réponse belliciste. Ils portent la responsabilité de la politique criminelle qui a dressé en une guerre fratricide deux peuples qu’unissent mille liens historiques, culturels et même familiaux.
Peu avant que Kiev reconnaisse ses pertes, Moscou l’avait fait aussi, mais par maladresse. Cela s’est passé, fin novembre, lors d’une table ronde à la Chambre des députés russe, la Douma, sur les « mesures de soutien social aux membres des forces armées et aux membres de leur famille ». La vice-ministre de la Défense y a annoncé que le pouvoir satisferait « les requêtes de 48 000 familles de soldats disparus » en « proposant des tests ADN gratuits » pour identifier des morts inconnus.
Le chef du comité de la Défense à la Douma a aussitôt exigé que ces « chiffres ne figurent nulle part dans le compte-rendu », car « cette information fermée est très sensible ». Pas de chance pour lui, si le site de la Douma n’en souffle mot, l’enregistrement est tombé entre les mains d’un média indépendant, qui l’a publié.
La vice-ministre ne risque pas grand-chose pour sa bourde, car elle est apparentée à Poutine. Et puis, il peut bien s’agir d’une « information sensible », la population ne manque pas d’indices à son sujet. Rosstat, le très officiel organisme des statistiques, signale que le prix moyen d’un emplacement au cimetière est passé de 4 400 à 7 700 roubles en deux ans de guerre, le coût pour creuser une tombe atteignant 10 000 roubles. De là à en conclure que les prix suivent une demande qui explose, il n’y a qu’un pas. Et cela s’étale au grand jour en province : sur les écrans de télévision qu’envahissent les publicités pour les monuments funéraires, tandis que les magasins de pompes funèbres colonisent telle grande rue comme à Perm dans l’Oural.