Union européenne : toujours plus dure avec les migrants10/12/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/12/P10-1_Europe_des_barbel%C3%A9s_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C65%2C710%2C465_crop_detail.jpg

Dans le monde

Union européenne : toujours plus dure avec les migrants

Les ministres de l’Intérieur des 27 pays membres de l’Union européenne, réunis à Bruxelles le 8 décembre, ont donné leur feu vert à un net durcissement de leur politique commune antimigrants.

Illustration - toujours plus dure avec les migrants

Bien qu’estimant que les arrivées irrégulières de migrants sont en baisse de 20 % par rapport à l’année dernière, les ministres ont approuvé trois textes que d’une part la Commission européenne veut faire adopter en 2026 ; et que d’autre part une majorité du Parlement européen s’apprête à voter, droite et extrême droite unies.

Il s’agit de durcir les sanctions à l’encontre des sans-papiers qui refusent de partir d’eux-mêmes. Leur période de détention sera allongée. Au vu des sacrifices financiers et des risques qu’ils ont pris pour atteindre l’Europe, on peut être à peu près certain qu’une telle mesure n’en découragera pas beaucoup, mais mènera plus de migrants pour plus longtemps dans les centres de rétention.

D’ailleurs, l’Europe prévoit aussi de permettre le renvoi de sans- papiers vers d’autres pays que leur pays d’origine. Pour cela, la définition de « pays tiers sûr » est en cours de révision pour l’élargir à tout pays qui acceptera, soit sous pression diplomatique, soit contre financement, d’installer sur son territoire des prisons servant à l’UE.

C’est ce qu’avait essayé de faire la Grande- Bretagne en payant le Rwanda pour qu’il ouvre sur son territoire, à 6 500 kilomètres de Londres, des prisons pour migrants. C’est ce que tâche de faire l’Italie de Meloni en Albanie malgré d’importants obstacles juridiques. C’est aussi ce que les États-Unis de Trump font avec le Salvador, quand ils ne renvoient pas tout simplement des Iraniens, pourtant menacés par la dictature des mollahs, directement en Iran où leur sort est plus qu’incertain.

C’est à présent au nom de tous les pays membres de l’UE que la Commission va chercher des pays sous-traitants pour y déporter des sans-papiers à qui on accorderait hypocritement le droit de déposer une demande d’asile, mais le plus loin possible de l’Europe.

Le gouvernement français a fait discrètement savoir à la presse qu’il n’est pas demandeur de tels durcissements, car le préambule de la Constitution interdit de renvoyer des migrants hors des frontières sans avoir au préalable étudié leur demande d’asile. Mais nul n’a entendu le ministre français de l’Intérieur Nuñez se dresser contre ce qui se profile à l’horizon. Chercher des moyens juridiques de contourner les injonctions de la Constitution devient certainement urgent.

Ce n’est pas le drame vécu le 6 décembre au large de la Crète, où dix- sept migrants ont trouvé la mort, noyés lorsque leur embarcation de fortune s’est dégonflée – la pire tragédie dans les eaux grecques depuis deux ans – qui a perturbé les gouvernements européens au moment même où ils ont approuvé le tour de vis supplémentaire. Accentuer la pression contre les migrants, qui sont des travailleurs ou essaient de le devenir, les maintenir non seulement sans papiers mais surtout sans droits, tâcher de les couper de leurs collègues en les traitant en parias, ne peut qu’avantager un patronat européen avide de les exploiter.

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