Le véritable chef du gouvernement, c’est le grand capital28/08/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/08/P2-1_Medef_exigences_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C32%2C548%2C340_crop_detail.jpg

Editorial

Le véritable chef du gouvernement, c’est le grand capital

Illustration - Le véritable chef du gouvernement, c’est le grand capital

Quelle sera la composition du prochain gouvernement ? De quels partis seront issus les ministres ? Combien de temps tiendra-t-il avant d’être renversé ?

Tout cela préoccupe les politiciens mais beaucoup moins les classes populaires, confrontées aux dépenses de la rentrée scolaire, aux menaces de perdre un emploi, aux attentes interminables aux Urgences et aux mille galères de la vie quotidienne.

Affirmant que « personne n’a gagné » et voulant continuer à régner malgré sa double défaite électorale, Macron voudrait un front allant de LR au PS en excluant le RN et LFI. Les partis rechignent à accepter car les macronistes resteraient au centre du jeu, et cela reviendrait à se saborder en cas de nouvelle dissolution.

De son côté, la gauche rassemblée dans le NFP, qui n’a qu’une majorité relative à l’Assemblée, a défendu tout l’été la nomination de Lucie Castets, une énarque étrangère au monde du travail. Elle affirme vouloir revenir sur la retraite à 64 ans et porter le smic à 1 600 euros. Ces mesures, même très modestes, soulèvent l’indignation de tous les chiens de garde du patronat. Avec ou sans ministres LFI, l’idée de la moindre concession aux travailleurs les révulse.

Pourtant, en disant qu’il « faudra chercher des compromis », Lucie Castets se montre prête à revenir sur ces promesses. À chacun de ses passages au pouvoir, même quand elle avait une majorité absolue, sous Mitterrand, Jospin ou Hollande, la gauche s’est soumise aux exigences de la finance et des capitalistes et a ainsi trahi les travailleurs.

En Grande-Bretagne, la gauche est revenue au pouvoir avec une large majorité. Mais, au prétexte que les conservateurs ont laissé les caisses vides, le nouveau Premier ministre travailliste annonce des coupes massives dans le bouclier tarifaire pour les factures d’énergie dont bénéficient les classes populaires. Il n’envisage pas une seconde de taxer la bourgeoisie !

Quel que soit le pays, quelles que soient les coalitions au pouvoir et la couleur politique du Premier ministre, la feuille de route de tous les gouvernements est écrite par la grande bourgeoisie. Partout, elle exige que la part des richesses qui revient aux classes populaires, sous forme d’éducation, de santé ou de pouvoir d’achat, soit réduite au minimum.

Dans une économie en crise où la concurrence est impitoyable, les capitalistes refusent de céder une miette de leurs profits pour augmenter les salaires ou financer les retraites.

Ils exigent que toutes les dépenses de l’État leur reviennent sous forme d’aides, de subventions ou de commandes diverses. Que leur importe si la population ne peut plus se soigner ! Que leur importe si des quartiers se délitent !

Avec ou sans gouvernement, les États sont là pour mettre en musique ces exigences. Ainsi, même sous un gouvernement « démissionnaire », les hauts fonctionnaires du ministère de l’Économie ont préparé le budget 2025. Sous prétexte de réduire le déficit public et de rembourser une dette colossale, ils ont déjà préparé un budget d’austérité qui prévoit 10 milliards d’euros de coupes.

Le seul budget sanctuarisé est celui de l’armée, car ceux qui dirigent préparent ouvertement les prochaines guerres. Ils s’apprêtent à défendre par les armes ce que tous les politiciens appellent « les intérêts de la France » mais qui sont en réalité les intérêts de Total, Bolloré ou Dassault, en rivalité avec leurs concurrents pour se disputer les marchés.

Il n’y a pas d’argent pour les salaires, les écoles et les hôpitaux mais les milliards coulent à flots pour les marchands d’armes, l’industrie du luxe et les banquiers !

Ces milliards accumulés sont utilisés pour racheter et revendre des actions et spéculer à tout va. L’économie mondiale est un vaste casino qui peut connaître un krach financier du jour au lendemain et déclencher des faillites en cascade. Un tel scénario est de plus en plus redouté par les banquiers centraux, incapables de l’empêcher.

Alors, pour défendre nos conditions d’existence et notre avenir, il n’y aura ni bon gouvernement ni bon Parlement. Tant que nous ne renverserons pas la dictature de la classe capitaliste sur la société, nous serons condamnés à verser notre sueur, notre sang et nos larmes pour assurer les profits d’une minorité de riches parasites.

Alors, plutôt que de s’en remettre à des partis qui se battent pour gérer le système en fournissant des ministres dévoués au grand patronat, les travailleurs doivent bâtir leur propre parti ; un parti qui rassemble les travailleurs conscients d’avoir à s’organiser et à se battre, par- delà leurs différences, contre les attaques des capitalistes et pour les renverser.

Nathalie Arthaud

Partager